: Vidéo "Ne soyez pas une meurtrière" : aux Etats-Unis, les femmes qui veulent avorter font face à la pression croissante des anti-IVG et de la loi
Ils attendent les patientes dès 5 heures du matin. Une poignée de militants accueillent par des slogans anti-avortement les femmes qui tentent d'avoir recours à l'IVG dans une petite clinique de Floride. "Ne soyez pas une meurtrière, ne devenez pas la mère d'un enfant assassiné", lance l'un d'eux, dans un Etat à la loi déjà très restrictive, car l'avortement n'y est autorisé que jusqu'à six semaines, depuis une réforme en avril 2023 permise par une décision de la Cour suprême. La scène illustre la difficulté croissante pour interrompre une grossesse aux Etats-Unis, une question qui est devenue un enjeu majeur de l'élection présidentielle du 5 novembre.
Robert, un des activistes anti-avortement, juge déjà la législation floridienne trop permissive. "Il faut se demander qui a raison : est-ce que c'est l'Etat de Floride, ou est-ce que c'est Dieu ?", interroge le jeune homme, qui n'a pas de doute sur la réponse : "C'est Dieu, absolument". La question divise pourtant même au sein des croyants. Devant la clinique, un groupe de volontaires accueille en effet les patientes à la demande de leur église : "On essaie de mettre notre foi en action, mais différemment", défend l'un d'eux.
La réduction du délai légal de l'IVG a des conséquences très concrètes pour les femmes reçues dans cette clinique : "Si je n'étais pas venue ce week-end, je n'aurais pas pu avorter en Floride, j'aurais dû aller dans un autre Etat", explique Abigail. "C'est tellement tôt que vous n'avez même pas le temps de réfléchir." La jeune patiente, qui espère un assouplissement de la loi, estime que tout dépendra du résultat de la présidentielle : "Je prie pour que Trump ne soit pas élu."
"Cette expérience a changé ma perspective"
En Alabama, l'IVG est devenue illégale, même en cas de viol ou d'inceste. Alyssa Gonzales, jeune mère de famille, a dû quitter l'État. Alors qu'elle était enceinte de quatre mois, la jeune femme a appris que son fœtus était atteint de trisomie 18, une maladie mortelle à laquelle l'enfant n'a aucune chance de survivre. Les médecins lui expliquent "qu'ils ne pouvaient pas déclencher l'accouchement : ça reviendrait techniquement à un avortement".
Alyssa, de plus en plus malade, risquait une septicémie. Elle a dû se rendre à Washington, à 15 heures de route de chez elle, pour avorter en urgence. "J'étais dans une pièce remplie de femmes, on était serrées comme des sardines", se souvient-elle. "J'étais au-delà de la colère. (...) J'ai dû quitter mon Etat pour qu'un médecin puisse s'occuper de moi."
La jeune femme et son compagnon n'étaient pas des démocrates convaincus, mais leur expérience traumatisante a ébranlé leurs convictions politiques. "Avant, j'aurais voté pour des valeurs conservatrices, mais cette expérience a changé ma perspective", explique le jeune homme. "Maintenant, je vais vraiment réfléchir pour qui voter". Alyssa semble avoir fait son choix : "Franchement, je ne pensais pas me rendre aux urnes. Mais avec tout ça, les choses doivent changer. Et Kamala me semble plutôt bien".
Regardez l'intégralité du reportage dans la vidéo ci-dessus.
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