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Édito
Déclaration de politique générale : Gabriel Attal fait-il de l'autorité sa marque de fabrique ?
Gabriel Attal avait fait de l'autorité sa marque de fabrique lors de son bref passage au ministère de l’Éducation nationale. C’est devenu son leitmotiv à Matignon. Ce thème de l’autorité a servi de fil rouge à son discours mardi 30 janvier à l'Assemblée nationale.
Elle a survolé d’abord le sujet régalien de la sécurité, avec notamment l’intensification de la lutte contre le trafic de drogue, "dix opérations place nette par semaine", "gel des avoirs des trafiquants identifiés". Ensuite le Premier ministre est revenu sur le thème de l’immigration, avec la confirmation d’une réforme prochaine de l’aide médicale d’État (AME), un engagement pris auprès de la droite en décembre. Il a aussi garanti l’envoi de renforts policiers pour la "border force" qui contrôle les clandestins à la frontière italienne. Et puis, autorité toujours et même "réarmement civique" de la jeunesse, avec la promesse répétée de généraliser le service national universel ou l’instauration de "travaux d’intérêt éducatif" pour les délinquants de moins de 16 ans, une réponse aux émeutes de l’été dernier.
Répondre à l'air du temps et s'afficher comme chef de la majorité
Si Gabriel Attal adopte cette posture, c'est parce qu’elle colle à l’air du temps, aux attentes de l’opinion. Dans toutes les enquêtes, une majorité de Français réclame davantage d’ordre, de respect. Gabriel Attal s’est appliqué à traduire cette demande dans la vie quotidienne, avec des formules ciblant les incivilités - "Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies" - ou "quand on ne vient pas à un rendez-vous chez le médecin sans prévenir, on paye !". Ensuite, cette inflexion, disons, répressive correspond au nouvel âge du macronisme, cette nouvelle période du second quinquennat qui s’appuie sur un gouvernement qui penche clairement à droite. Enfin, parce que placer son règne à Matignon sous le signe du retour de l’autorité, c’est aussi une façon pour le Premier ministre de s’affirmer comme chef de la majorité.
La promotion du jeune, si jeune Gabriel Attal, n’a pas réjoui tous les poids lourds du gouvernement. En préemptant le thème de l’autorité, il cherche à imposer la sienne à ses troupes et d’abord au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Quand on veut incarner un nouvel élan, alors que le même chef de l’État est au pouvoir depuis sept ans, on porte forcément la critique implicite du bilan de son supérieur. Cette prise de position forte est une façon de contrer ce problème. À moins que cette prise de distance subliminale ne serve les desseins du jeune ambitieux de Matignon. Porte-parole du chef de l’État, Gabriel Attal le loyal esquisse ainsi les contours de l’après-Macron.
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