Édito
Dépôt de motions de censure : pendant que Marine Le Pen prétend parler aux Français, les partis de gauche se parlent… entre eux

Marine Le Pen a obtenu, dans le débat budgétaire, plusieurs concessions du Premier ministre, alors que la gauche en faisant savoir d'emblée qu’elle approuverait la motion de censure, a été réduite au rang de spectatrice.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les députés LFI quittent l'hémicycle de l'Assemblée nationale à l'annonce du 49.3 du gouvernement, le 2 décembre 2024. (THOMAS PADILLA / MAXPPP)

Les deux motions de censure, celle du NFP et celle du RN, seront débattues mercredi 4 décembre au soir ou jeudi matin, et Marine Le Pen assure qu’elle les votera. L’extrême droite va se joindre à l’ensemble de la gauche pour faire chuter le gouvernement, malgré les concessions du Premier ministre, dont l’addition se chiffre au total à près de 10 milliards d’euros. Derrière Michel Barnier, Marine Le Pen cible en fait Emmanuel Macron, qu’elle veut pousser à la démission. Elle choisit de renouer avec la nature radicale et "antisystème" du lepénisme, de père en fille, car elle pense avoir déjà remporté la bataille du pouvoir d’achat au détriment non seulement de Michel Barnier, mais surtout de la gauche. 

En négociant avec le Premier ministre, Marine Le Pen a pu se grimer en porte-parole des classes populaires et des retraités. Et elle a obtenu des avancées, le non-déremboursement de nouveaux médicaments ou la suppression de la hausse des taxes sur l’électricité. Laurent Wauquiez sur les retraites, ou Gabriel Attal sur la préservation des allègements de charges au nom de l’emploi peuvent, eux aussi, s’attribuer quelques gains. Dans le débat budgétaire, seule la gauche, réduite au rang de spectatrice, n’a servi à rien. Non pas, comme elle le prétend, parce que Michel Barnier ne voulait pas discuter, mais parce que toute la gauche, socialistes compris, a d’emblée fait savoir qu’elle approuverait la motion de censure.

La gauche focalisée sur la prochaine présidentielle 

Si les députés PS avaient laissé planer le doute sur leur vote, ils auraient pu, eux aussi, se targuer auprès de l’électorat d’arracher des concessions sur le pouvoir d’achat à un Premier ministre prêt à lâcher beaucoup pour sauver sa peau. Encore une occasion ratée pour gauche de parler à des classes populaires qui l’ont déjà largement abandonnée.

La gauche veut surtout préserver son unité pour présenter un candidat commun à la présidentielle. D’où l’appel de Marine Tondelier et Lucie Castets. Une initiative assez significative. Pendant que Marine Le Pen prétend parler aux Français, les partis de gauche se parlent… entre eux. L’été dernier, c’était pour s’accorder sur le nom d’une prétendante à Matignon inconnue des Français, Lucie Castets. Cet automne, c’est pour trouver un candidat présidentiel commun à toute la gauche que Jean-Luc Mélenchon se propose déjà d’être. Sans garantie que cette condition soit gage de victoire. Au contraire. La gauche a gagné trois élections présidentielles avec, à chaque fois, au moins quatre candidats concurrents au premier tour. Et quand la gauche s’est rangée derrière un candidat commun, en 1974, elle a perdu.

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