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Édito
Emmanuel Macron à Rungis : le rituel de "la France qui se lève tôt"
Emmanuel Macron a arpenté les allées du marché des Halles de Rungis, mardi 21 février au petit matin. Le premier sens politique donner à ce déplacement est transparent, il est même revendiqué haut et fort par l’Elysée : le chef de l’Etat veut exalter la "valeur travail" et s’afficher aux cotés de "la France qui se lève tôt". Rien de neuf. Tous les présidents ont fait le déplacement à Rungis depuis que s’y est ouvert le plus grand marché de produits frais du monde – c’était en 1969. Il y a même un côté un peu galvaudé, un peu gros sabots depuis que Nicolas Sarkozy en a fait le lieu symbolique de sa conquête du pouvoir en tant que candidat, en janvier 2007. Seize ans plus tard, Emmanuel Macron remet ça. C’est un peu gros, mais c’est fait exprès. Le chef de l’Etat brandit volontiers la référence sarkozyste au moment où il a tant besoin du renfort des parlementaires LR pour faire adopter sa réforme des retraites puis, plus tard, la loi sur l’immigration.
Renouer avec les sujets de préoccupations des Français
C'est aussi une forme de retour sur la scène intérieure, et c'est l’autre but, plus terre à terre, poursuivi avec ce déplacement. Montrer aux Français que le Président s’intéresse encore un peu à leur vie quotidienne et pas seulement aux enjeux diplomatiques internationaux liés à la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron multiplie les déplacements à l’étranger, quinze depuis l’été dernier. Et il s’est fait particulièrement discret depuis la présentation de la réforme des retraites début janvier.
Dans les sondages, la proximité ne fait pas partie de ses "traits d’image" favoris ; et c’est un gouffre qui semble se creuser entre le chef de l’Etat et les préoccupations de l’opinion. Il veut donc essayer de le combler et renouvellera l’opération samedi lors de l’inauguration du salon de l’Agriculture, un autre rituel présidentiel.
Emmanuel Macron s’inquiète du climat social, surtout si s’ajoute à la contestation de la réforme des retraites les craintes suscitées par l’inflation. Dans la majorité, certains pronostiquent un "mois de mars rouge" avec un nouvel envol des prix alimentaires à l’issue des négociations entre producteurs et distributeurs qui s’achèvent dans quelques jours. L’exécutif veut éviter que ces colères s’additionnent dans la rue lors des manifestations à venir. Il faudra sans doute plus que quelques photos matinales au rayon fruits et légumes pour y parvenir.
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