:
Édito
Emmanuel Macron n'est plus complètement maître des horloges électorales
Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen en rêvent, mais jeudi 5 décembre dans la soirée, Emmanuel Macron l’a affirmé très clairement : il ne démissionnera pas ! Pas question de céder aux assauts de ceux qu’ils appellent les "irresponsables" qui n’ont, selon lui, pour "seul projet commun que le désordre". Faire retomber la pression, retrouver de l’oxygène, se donner de l’air… et du temps, c’était la première urgence pour le chef de l’État au lendemain de la censure du gouvernement Barnier. Élu pour cinq ans, il répète donc qu’il accomplira son mandat jusqu’au bout, au printemps 2027. Pour se sortir de la tourmente, il essaye même d’esquisser les contours de "30 mois d’action utile pour le pays". Surtout, ce qui n’est pas si fréquent, Emmanuel Macron a fait amende honorable.
À propos de la dissolution, cette décision qui demeure « incomprise des Français » a-t-il reconnu et dont il "assume la responsabilité", Emmanuel Macron sait qu’il va devoir vivre jusqu’à la fin de son mandat, et sans doute au-delà, dans l’histoire, avec le poids de ce hara-kiri électoral. Il veut donc en limiter les conséquences et c’est là que survient son deuxième mea culpa. C’est un changement de méthode. Fini les deux mois d’atermoiements de l’été dernier, le chef de l’État promet de nommer un nouveau Premier ministre rapidement, au plus tard "au début de la semaine prochaine", dit-on à l’Élysée.
Deux ans et demi à tenir
C’est le nouveau locataire de Matignon qui mènera les consultations pour bâtir une coalition assise sur un programme minimal et pour élargir le socle de ses soutiens au Parlement pour échapper à la censure. Pour s’extraire un peu plus de la mêlée, Emmanuel Macron a rappelé qu’il ne pourra pas se représenter dans deux ans et demi, contrairement à tous ceux qui piaffent de le chasser de l’Élysée.
Emmanuel Macron peut-il tenir jusqu’en 2027 ? Cela ne dépend plus seulement de lui. Aucun suspense sur la stratégie des insoumis, ils vont continuer de réclamer sa tête et de fracturer le pays. La suite du quinquennat dépend de l’éventuelle constitution d’un "accord de non-censure" du futur gouvernement. Le patron du PS, Olivier Faure, qui sera reçu à sa demande à l’Élysée vendredi, a fait une ouverture. Mais jusqu’où ? Saura-t-il résister aux menaces de Jean-Luc Mélenchon qui accuse déjà, comme toujours, les socialistes de s’apprêter à trahir ? Dans le cas contraire, c’est Marine Le Pen qui redeviendrait l’arbitre de la situation politique. Et qui pourrait appuyer de nouveau, quand bon lui semblera, sur le bouton de la censure. Faute de majorité, Emmanuel Macron n’est donc plus totalement maître de son sort. Et donc pas complètement maître des horloges électorales.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.