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Édito
Emmanuel Macron prône une écologie ambitieuse... mais pas douloureuse !

Le chef de l'État fixe comme objectif de "bâtir une écologie à la française." Il ne veut pas se résoudre à repousser des objectifs environnementaux, mais redoute la concurrence de l’extrême droite dans les urnes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le président de la République, Emmanuel Macron, arrive au Palazzo Montecitorio, qui accueille la Chambre des députés italienne, le mardi 26 septembre 2023. (FILIPPO MONTEFORTE / AFP)

Emmanuel Macron a présenté lundi 25 septembre un projet de planification écologique qui affiche un objectif ambitieux : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport au niveau de 1990 d’ici 2030. Une écologie ambitieuse, mais attention surtout pas douloureuse. Le chef de l’État veut rassurer l’opinion. Il prétend inventer "l’écologie à la française", une "écologie de progrès", sans "purge", ni "cure" ; une écologie "juste" porteuse d’une "stratégie industrielle" et créatrice "d’emplois". Bref, autant de mots d’ordre qui visent à éloigner le spectre maudit de la fameuse "écologie punitive" qui rebute tant les électeurs.

Ne pas laisser le champ libre aux partis populistes 

Pourquoi autant de précautions ? Parce que le climat politique est en train de changer. Un peu partout en Europe, les partis populistes d’extrême droite progressent en contestant les mesures environnementales au nom de la défense du pouvoir d’achat des plus modestes. En Allemagne, le parti d’extrême droite, l’AFD, s’arc-boute sur la défense des chaudières à gaz ou au fioul. Aux Pays-Bas, un tout jeune parti agrarien se fait défenseur de l’agriculture extensive et des pesticides et menace de remporter les législatives en novembre.

>> Planification écologique : "L'écologie à la française aujourd'hui, c'est l''écologie condamnée par l'Europe", dénonce Yannick Jadot

En France, Marine Le Pen fustige la mise en place des zones à faibles émissions dans les grandes villes et réfute le principe de "zéro artificialisation des sols". Certes, ces partis d’extrême ne nient plus le réchauffement climatique, mais ils récusent toutes les mesures contraignantes qui s’y attaquent. Ils ne sont plus ouvertement climato-sceptiques, ils sont devenus sournoisement "climato-j’m’en foutistes". Et ils progressent dans les urnes.

Emmanuel Macron ne veut pas se résoudre à repousser des objectifs environnementaux comme l’a fait le gouvernement britannique la semaine dernière. Mais il avance sur une ligne de crête et cherche à concilier les réponses aux angoisses de la fin du monde et de la fin du mois. D’où les annonces successives de l’octroi d’un chèque carburant de 100 euros pour les plus modestes, d’un dispositif de voitures électriques en leasing à 100 euros par mois ou la promesse de reprise du contrôle du prix de l’électricité dès octobre.

Face au réchauffement climatique, Emmanuel Macron sait que les écologistes l’accuseront toujours de ne pas en faire assez. Électoralement, il redoute surtout la concurrence de l’extrême droite qui l’accuse d’en faire déjà trop.

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