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Édito
Interview d'Emmanuel Macron : sur l'immigration, le président préfère Gérald Darmanin au pape François
Lors de l'interview qu'Emmanuel Macron a accordé dimanche 24 septembre aux JT de 20h de TF1 et France 2, le chef de l'Etat s’est longuement exprimé sur la crise migratoire, un sujet relancé par l’afflux de migrants sur l’île italienne de Lampedusa la semaine dernière.
Et le président de la République était d’autant plus attendu sur ce dossier brûlant que l’on a entendu ces derniers jours des paroles fortes et contradictoires. D’un côté, le message du Pape François venu aux rencontres méditerranéennes de Marseille dénoncer "l’indifférence" du Vieux continent et exhorter les pays européens à accueillir massivement les migrants au nom d’un devoir de solidarité et même tout simplement d’humanité. Et de l’autre, la fermeté affichée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin qui répète que la France n’accueillera pas de migrants en provenance de Lampedusa sur son sol.
Emmanuel Macron a tenté le "en même temps"
Emmanuel Macron a bien d’abord essayé de nous refaire l’éternel coup du "en même temps". À trois minutes d’intervalle, le Président a réussi le tour de force de juger que "le pape a raison d’appeler à ce sursaut contre l’indifférence" et que Gérald Darmanin "a raison" de faire preuve de "réalisme" et même de "fermeté".
"Un tel grand écart est impossible, c’est l’élongation assurée. Sur le fond, Emmanuel Macron a donc choisi son camp : il a entendu le pape, mais il écoute son ministre de l’Intérieur."
Renaud Dély, éditorialiste politiqueà franceinfo
Pas question donc pour le président d'accueillir davantage de migrants, et pour mieux le signifier, Emmanuel Macron a même ressorti la fameuse phrase prononcée par Michel Rocard en 1989 : "La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde". À l’époque, l’ancien Premier ministre socialiste ajoutait "mais la France doit savoir en prendre fidèlement sa part". Une partie qu'Emmanuel Macron a oublié de citer. Ou plutôt, il a asséné que la France avait déjà "fait sa part" et que l’Europe était le continent le plus généreux en matière d’immigration.
Le message est clair. Tellement que le chef de l’Etat a refusé de garantir le maintien dans la future loi immigration du nouveau titre de séjour pour régulariser les sans-papiers qui travaillent dans les métiers dits en tension. Gérald Darmanin drague la droite viscéralement hostile à cette mesure le chef de l’Etat fait toute confiance à son ministre de l’Intérieur pour trouver un compromis, comme pour tout le reste.
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