Prix des carburants, crise migratoire, Niger... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron aux 20 Heures de France 2 et TF1
Visites de Charles III et du pape François, mais aussi inflation, écologie et immigration... Emmanuel Macron s'est exprimé, dimanche 24 septembre, dans les JT de France 2 et de TF1, après une semaine chargée sur le plan diplomatique. Le président de la République, qui s'est dit "concentré à la tâche" face aux "immenses bouleversements" rencontrés par la France, a fait quelques annonces essentiellement tournées vers le pouvoir d'achat. Voici ce qu'il faut retenir de l'interview du président de la République.
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Carburants : le gouvernement va demander aux distributeurs de vendre "à prix coûtant"
A trois jours de la présentation du budget pour 2024 en Conseil des ministres, le chef de l'Etat était attendu au tournant sur la question de l'inflation et du pouvoir d'achat, très sensible en cette rentrée. A propos du prix des carburants, qui obère le pouvoir d'achat des ménages français, Emmanuel Macron a décidé de renoncer à la vente à perte, balayée par les distributeurs ces derniers jours. Elisabeth Borne va réunir les groupes concernés "cette semaine". A cette occasion, le gouvernement va leur demander de vendre l'essence "à prix coûtant", a annoncé Emmanuel Macron.
Le chef de l'Etat a aussi évoqué une nouvelle aide pour les travailleurs modestes, d'un montant pouvant atteindre 100 euros, afin "d'accompagner les Français qui roulent". Ce mécanisme s'adressera "aux 50% de travailleurs les plus modestes", a-t-il détaillé.
Inflation : le président souhaite "un accord sur la modération des marges" des industriels
Un projet de loi "pour rouvrir les négociations commerciales avec les grands industriels" va être présenté en Conseil des ministres ce mercredi. Par ailleurs, le président a déclaré qu'il souhaitait "un accord sur la modération des marges" des groupes industriels.
Le chef de l'Etat a décidé de "se concentrer" sur la création d'emplois pour réduire la précarité. La question particulière des salaires sera abordée lors de la conférence sociale qui doit avoir lieu mi-octobre. "On va travailler avec toutes les branches qui ont encore un salaire en dessous du smic légal. Je ne suis pas pour qu'on indexe tous les salaires sur le prix, sinon on crée une boucle inflationniste", a-t-il mis en garde.
Ecologie : Emmanuel Macron confirme 40 milliards d'euros pour la planification écologique en 2024
A la veille de la présentation de la planification écologique, attendue de longue date, Emmanuel Macron a défendu les choix de l'exécutif en la matière. "C'est le fruit d'un énorme travail", s'est félicité Emmanuel Macron, avec un investissement de "40 milliards d'euros" annoncé pour 2024. Dans le détail, la France va convertir à la biomasse ses deux dernières centrales à charbon encore en fonctionnement, d'ici à 2027. Sur cette question de l'énergie, le chef de l'Etat a finalement évacué l'interdiction des chaudières au gaz, préférant tripler la production de pompes à chaleur.
"D'ici à la fin du quinquennat", en 2027, la France produira "un million de véhicules électriques", a-t-il promis. Par ailleurs, "on va finaliser le leasing d'ici à la fin de l'année", a-t-il ajouté, en référence à la possibilité de louer un véhicule électrique à moindre coût, sur une longue durée.
Immigration : "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde"
Le président de la République a aussi abordé le sujet brûlant, redevenu majeur avec un afflux massif de migrants aux portes de l'Europe, notamment à Lampedusa, en Italie. "Le pape a raison d'appeler à ce sursaut contre l'indifférence, a salué le chef de l'Etat. L'Europe est le continent qui fait le plus. Nous, Français, nous faisons notre part. On ne peut pas accueillir toute la misère du monde", a-t-il lancé, reprenant à son compte une partie de la célèbre phrase de Michel Rocard. L'ancien Premier ministre socialiste avait cependant jadis expliqué que la France devait "y prendre sa part".
Dans sa réponse à la crise actuelle, Emmanuel Macron a fustigé la "réponse simpliste et nationaliste de l'Italie", tout en appelant à une meilleure "coopération" avec les pays de départ des migrants. "Je veux proposer de mettre plus de moyens dans ces pays de transit" de la rive sud de la Méditerranée, comme la Libye ou la Tunisie.
Au plan national, qu'en est-il du projet de loi immigration voulu par l'exécutif ? Il revient au Sénat le 6 novembre, avant un examen à l'Assemblée nationale début 2024. Mais une incertitude demeure sur le volet "métiers en tension" pour la régularisation de personnes en situation irrégulière dans certains secteurs. Emmanuel Macron s'est refusé à aborder ce volet. "Je ne vais pas faire ici le travail du Parlement et du gouvernement. (…) Je souhaite qu'un compromis soit trouvé", a insisté le chef de l'Etat, alors que le gouvernement cherche toujours une majorité sur ce texte clivant, au devenir incertain.
Niger : l'ambassadeur français va quitter le pays, la France cesse sa coopération militaire
Deux mois après le coup d'Etat au Niger, la France va cesser sa coopération militaire avec les autorités du pays et rappeler son ambassadeur, a annoncé Emmanuel Macron. "Les soldats rentreront d'ici à la fin de l'année. Nous continuerons de continuer à accompagner les Etats africains contre le terrorisme", a-t-il poursuivi. Par ailleurs, "la France a décidé de ramener cette semaine son ambassadeur et plusieurs diplomates. Ils rentreront en France dans les prochaines heures", a-t-il précisé.
Arménie : Emmanuel Macron inquiet pour "l'intégrité territoriale" du pays
Après les combats survenus au Haut-Karabakh, Emmanuel Macron s'est inquiété d'une possible offensive militaire de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, soulignant que Bakou "menace" la frontière commune et "l'intégrité territoriale" de ce pays. "La France est très vigilante à l'intégrité territoriale de l'Arménie car c'est ça qui se joue", a-t-il assuré.
"On a aujourd'hui une Russie qui est complice de l'Azerbaïdjan, une Turquie qui a toujours été en soutien de ces manœuvres et un pouvoir qui est désinhibé et qui menace la frontière de l'Arménie", a-t-il ajouté, après la victoire éclair de Bakou contre les séparatistes du Haut-Karabakh, enclave peuplée en majorité d'Arméniens.
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