Édito
L'Assemblée nationale, théâtre du pire comme du meilleur

Les députés ont voté mercredi en faveur d'une "loi de programmation pour les soins palliatifs", contre l'avis du gouvernement, lors de l'examen du projet de loi sur la fin de vie. Sur ce sujet délicat les parlementaires font preuve de retenue et d'écoute, tout le contraire de plusieurs débats houleux qui ont trop souvent lieu dans l'hémicycle.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 29 mai 2024. (JULIEN DE ROSA / AFP)

Comme le slogan d’un célèbre grand magasin l'affirme, il se passe aussi toujours quelque chose à l'Assemblée nationale. On y trouve de tout, le pire comme le meilleur. Le pire, c’était mardi 28 mai, l’hémicycle transformé en cirque. Un drapeau palestinien brandi par un député Insoumis, des sanctions, des hurlements, des insultes, et une représentation nationale abîmée tout entière par ce désolant spectacle. Trop souvent depuis 2022, quelques élus transforment les débats en happening et s’expriment dans l’hémicycle comme ils le font sur les réseaux, par l’injure et l’invective. Ce show attire les caméras et décrédibilise la démocratie parlementaire. Ne nous laissons pas distraire par le pire et concentrons-nous un instant sur le meilleur : le débat en cours sur le projet de loi sur la fin de vie.

L’enjeu est grave et les échanges, retransmis en intégralité par la chaîne LCP, le sont tout autant. Qu’ils soient favorables ou hostiles à une nouvelle législation, les députés font part de leurs interrogations, de leurs craintes, de leurs doutes. Faut-il réserver la future "aide à mourir" aux patients dont le "pronostic vital est engagé à court ou moyen terme", comme le souhaite le gouvernement ? Ou à ceux qui sont "atteints d’une affection grave et incurable en phase avancée ou terminale", selon la version du texte amendée par la commission spéciale. 

Écouter l’adversaire plutôt que l’injurier

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, veut rassurer en insistant sur l’indispensable renforcement des soins palliatifs, un volet du texte approuvé, mercredi, par une large majorité. Les députés s’affrontent, s’opposent fermement, mais ils s’écoutent. Et ils puisent dans leurs convictions intimes, parfois même en s’affranchissant de la position majoritaire au sein de leur groupe, comme le communiste André Chassaigne, hostile à l’aide à mourir, ou le lepéniste Thomas Ménagé qui y est, lui favorable. 

Cette atmosphère policée ne peut sans doute pas durer, et tant mieux d’ailleurs. Il ne s’agit pas de plaider pour un débat mièvre ou consensuel, mais responsable. L’essentiel, c’est que sur la gestion de la fin de vie, un sujet qui concerne potentiellement chacun de nous, chacun des deux camps ne disqualifie pas a priori le camp d’en face, comme trop d’élus le font, hélas, en ce moment à propos du conflit israélo-palestinien. Au Parlement, l’émotion, l’indignation, aussi légitimes soient-elles, ne suffisent pas forcément. Écouter l’adversaire plutôt que l’injurier, c’est aussi un bon moyen de se forger une conviction. Et de limiter le risque de se tromper au moment de légiférer.

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