Édito
La bataille pour la présidence de l’Assemblée, un avant-goût de celle pour Matignon

L’élection pour ce poste stratégique aura lieu jeudi. Les candidats ont encore quelques heures pour sortir du bois.
Article rédigé par Fanny Guinochet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le fauteuil du "perchoir" où s'assied le président de l'Assemblée nationale. (PATRICK HERTZOG / AFP)

On l’appelle "le perchoir", et c’est un poste clef. Le président de l’Assemblée est le 4e personnage de l’État. Il est celui qui ouvre et suspend les séances, préside le bureau de l’Assemblée, fixe l’ordre du jour et peut saisir aussi le Conseil constitutionnel. Avant une dissolution, normalement, il est consulté par le président.

La fonction est prestigieuse et a été occupée par des figures comme Laurent Fabius, Jean-Louis Debré, Jacques Chaban-Delmas… Néanmoins, dans le contexte d’une Assemblée aussi divisée, et morcelée que celle d’aujourd’hui, où il n’y a jamais eu autant de groupes parlementaires, qui, en plus, seront mouvants, avec des glissements possibles d’un bloc à l’autre au gré des projets de loi, la fonction promet d’être ardu

Une possible poudrière

Il va falloir que la ou le président de l’Assemblée fasse régner l’ordre dans un hémicycle qui promet d’être une poudrière, sachant que déjà la précédente mandature a été marquée par des invectives et des violences. Il n’y a jamais eu autant de sanctions en deux ans.

Plusieurs candidats se sont déjà déclarés : Annie Genevard pour les LR, qui connaît bien l’institution ; Yaël Braun-Pivet, la présidente sortante qui veut garder son poste avec le soutien des LR alors qu’elle ne fait pas l’unanimité dans le camp présidentiel ; Charles de Courson, au centre, le plus ancien élu de l'Assemblée, qui entame son 8e mandat, et se présente lui-même comme le plus petit dénominateur commun ; à gauche, Olivier Faure assure que le Nouveau Front populaire a une candidature unique pour le premier tour sans que l’on sache qui : Boris Vallaud, pour les socialistes, André Chassaigne pour les communistes, Cyrielle Chaletain pour les écolos ? ; quant au RN, Sébastien Chenu, déjà vice-président de l’Assemblée, s’aventure dans la course. Mais déjà un cordon sanitaire se construit pour exclure le parti d’extrême droite des postes clefs.

Poser un nouveau rapport de forces

Tous ont jusqu’à mercredi pour se déclarer, sachant que le mode de scrutin, sur trois tours et à bulletin secret, peut favoriser les manœuvres et les surprises. Un député peut, par exemple, en cours de route s’immiscer dans la course. Et il n’est donc pas exclu qu’émerge une personnalité jusqu’ici restée en retrait, qui sorte de derrière le rideau.

Et finalement, on en oublierait presque Matignon. C’est presque comme un miroir, si ce n’est que le calendrier du perchoir est fixé de longue date. Mais avec ce scrutin, la gauche espère faire oublier son incapacité à se mettre d’accord sur un Premier ministre. Quant à Emmanuel Macron, il appelle dans cette Assemblée, les forces républicaines à trouver rapidement un barycentre, autour d’un projet d’action au service des Français. En fait, cette élection au perchoir a un avant-goût de bataille pour Matignon et devrait donc poser un nouveau rapport de forces. 

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