Édito
La dissolution du GUD par le gouvernement, une décision politique lourde de sens

Plusieurs groupuscules d'extrême droite, dont le GUD (Groupe union défense) ont été dissous mercredi en Conseil des ministres, à quelques jours des élections législatives.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des drapeaux du GUD (Groupe action défense) avec une croix celtique lors d'une manifestation d'extrême droite, le 11 mai 2024. (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS)

Le gouvernement a prononcé, mercredi 26 juin, la dissolution du GUD et de plusieurs autres associations d’extrême droite. Encore une dissolution, mais celle-ci était attendue. Gérald Darmanin l’avait annoncée la semaine dernière. Le ministre de l’Intérieur a donc dissous trois groupuscules qui sévissent à Lyon, ainsi que le GUD, le Groupe union défense, un nom mythique dans l’histoire de l’extrême droite. Avec pour emblème la croix celtique et pour outil la barre de fer, ce syndicat étudiant, né en décembre 1968 à la faculté parisienne d’Assas, s’est illustré depuis des décennies par de nombreux actes de violences. Plusieurs fois mis en sommeil, il avait repris du service depuis deux ans. 

Cette dissolution intervient dans un moment de tension bien particulier. Les incidents racistes se multiplient depuis trois semaines, et l’exécutif redoute des troubles en cas de victoire du RN aux législatives. Le 9 juin d’ailleurs, plusieurs membres du GUD sortis "fêter" dans les rues de Paris la victoire de Jordan Bardella aux Européennes ont passé à tabac un jeune homme en proférant des insultes homophobes. Deux d’entre eux ont été condamnés à de la prison ferme, dont un certain Gabriel Loustau, le fils d’Axel Loustau, un proche ami de Marine Le Pen. On touche là à l’autre dimension politique de la décision de Gérald Darmanin.

Des amis toujours présents

Cette décision vise aussi Marine Le Pen, qui a noué au sein du Gud ses plus anciennes et ses plus fidèles amitiés, des amis toujours présents aujourd’hui. Axel Loustau donc, ex-trésorier de son micro-parti Jeanne, ex-conseiller régional RN, mais aussi Frédéric Châtillon, chargé de nombreuses campagnes de communication pour le parti lepéniste, et dont les pratiques commerciales ont valu au RN la semaine dernière une condamnation définitive pour "recel d’abus de biens sociaux". Sans oublier Jean-Lin Lacapelle, très proche de Marine Le Pen, ex-député européen et candidat aux législatives dans le Loiret.

L’extrême droite, c’est une grande famille. Il y a le grand-père, Jean-Marie Le Pen, qu’on essaye de faire oublier, la fille qui se voit déjà l’Élysée, la petite-fille de retour au bercail, Jordan Bardella, une sorte de gendre idéal, qui enchaîne les selfies et les vidéos TikTok, et puis en bout de table, les cousins turbulents, les vieux copains du GUD qu’on voudrait bien cacher au moment d’accéder aux affaires. D’où la consigne de silence donnée jeudi au sein du Rassemblement national quand ce passé-là menace de remonter à la surface avec la dissolution du GUD : pas un mot, pas un commentaire. Quand le pouvoir est à portée de mains, plus de place pour les sentiments, ni pour les vieux souvenirs.

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