Édito
Matignon : la quadrature du cercle pour la gauche !

Personne ne semble prêt à former de coalition avec le Nouveau Front populaire tant que les insoumis en seront. D’où cette question qui monte : qui est prêt à rompre avec LFI ?
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
L'économiste et politicienne française Lucie Castets  candidate du Nouveau Front populaire  au poste de Premier ministre, à Lille, le 27 juillet 2024. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Alors que Lucie Castets, la candidate du Nouveau Front populaire, est en campagne active pour amener la gauche à Matignon, il semble, lundi 29 juillet évident qu'Emmanuel Macron n’enverra pas le Nouveau Front populaire à Matignon… tant que les insoumis en sont !  Quand bien même il le ferait, ni les droites, ni le centre, ni les macronistes ne les suivraient à l'Assemblée. Ce gouvernement tomberait à la première motion de censure. À tord ou à raison, mais c’est un fait, et on l’a vu durant la campagne des législatives : LFI inquiète autant si ce n’est plus que le RN. Les sorties, par exemple, d’un Thomas Porte demandant l’exclusion des athlètes israéliens des Jeux n'arrangent rien. Au sein même de LFI, cinq frondeurs, Clémentine Autain, Alexis Corbière, Hendrik Davi, François Ruffin et Danièle Simonnet ont déjà rompu avec les insoumis et vont siéger avec les écologistes. Chez leurs alliés, PS, PC et verts : le Front semblait tenir jusqu’ici, mais voilà qu’il se fissure. 


En réalité ce sont les vieilles failles de la gauche qui se réactivent. Les écologistes ont historiquement une dent contre les socialistes. Un responsable EELV parle carrément de phobie. Dans tous les cantons, vous trouverez un écologiste traumatisé par un maire socialiste qui ne l’a pas respecté par le passé. Même les plus remontés contre l’ambiguité des insoumis sur le Hamas du 7 octobre veulent qu’ils restent parce qu’ils les protègent contre les socialistes. Au sein du PS, là le traumatisme c’est le quinquennat Hollande. "Vous n’imaginez pas le sentiment de trahison qui reste présent chez nos militants", dit une figure du PS pour qui l’impératif c’est de se réancrer à gauche, donc rester avec les insoumis ! Ce qui ne veut pas dire que tout le monde au PS soit sur une ligne de programme radical. Toutes ces fractures ont éclaté au grand jour jeudi, lors d’un conseil national extraordinaire. Les opposants à Olivier Faure s’interrogent sur la campagne active de Lucie Castets pour Matignon, à gauche toute ! Incapable de prendre ses distances clairement avec Thomas Portes sur les athlètes israéliens. 

La tentation de la proportionnelle 

Les tractations se poursuivent durant cette période jusque dans les gradins olympiques, où l’on voit socialistes et macronistes en grande conversation. Des appels du pied d’Élisabeth Borne à son ancienne famille de gauche. Certains écologistes ne sont pas en reste. Un groupe What’sApp "œcuménique" s’est constitué avec des macronistes comme Agnès Panier Runacher. Une idée revient en force : qu’Emmanuel Macron annonce l’instauration de la proportionnelle pour les prochaines élections. Promesse de campagne de 2017. Elle rendrait leur liberté à toutes les forces politiques qui n’auraient plus besoin d’accord avec les insoumis aux prochaines élections. Évidemment, pour Emmanuel Macron, le risque serait de voir le PS réitérer le score de Raphael Glucksman aux Européennes. La clé semble bel et bien toujours du côté de l’Élysée ? 

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