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Édito
Menace de censure du gouvernement de Michel Barnier : Chaos ou péripétie ?
Le gouvernement de Michel Barnier risque bel et bien d'être renversé mercredi 4 décembre par l’adoption d’une motion de censure. Le Premier ministre dramatise les conséquences de ce vote, les oppositions minimisent. Chaos ou péripétie, qui dit vrai ? Par définition, personne ne le sait vraiment. Cette censure est, au sens propre, un saut dans l’inconnu. Une France en même temps sans gouvernement, sans majorité, sans budget de la Sécu et sans nouveau budget de l’État, c’est du jamais vu. Au vu des déficits et de la dette publique qui battent déjà des records, "tout deviendra plus difficile et plus grave", selon la formule de Michel Barnier. Les taux d’intérêt vont continuer de s’envoler, les déficits de se creuser, la croissance de ralentir, et le chômage de repartir à la hausse. Le tout avec une France sous la menace conjuguée des marchés financiers, des agences de notation et de la Commission européenne. Mais c’est surtout le blocage politique qui pourrait plonger le pays dans le chaos.
Les deux principaux alliés de la censure, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, y ont intérêt et vont y travailler de concert. Le premier ne s’en cache pas. L’insoumis réclame la démission d’Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon rêve de "Révolution citoyenne" et il va continuer de semer le désordre à l’Assemblée comme dans le pays. Marine Le Pen fait mine de banaliser les conséquences du rejet du budget. Elle moque ceux qui prédisent le chaos… mais elle veut y œuvrer.
Une présidentielle anticipée ?
La cheffe de file de l’extrême droite redoute par-dessus tout de se voir infliger une peine d’inéligibilité dans l’affaire des assistants fictifs du RN, une sanction qui pourrait la priver de la présidentielle en 2027. La décision du tribunal tombera le 31 mars. Elle a quatre mois pour obtenir une présidentielle anticipée. Le RN va donc réclamer de plus en plus fort la démission d’Emmanuel Macron, un scénario de "politique-fiction" écarté mardi par le chef de l’État.
Personne ne peut contraindre le Président à démissionner, c’est vrai, et c’est pour ça que la chute programmée de Michel Barnier est sans doute la première d’une longue série. Marine Le Pen pourrait censurer un autre gouvernement dans un mois, puis un troisième quelques semaines plus tard, à condition bien sûr que la toute la gauche, socialistes compris, agisse de même. Le chef de l’État serait alors jugé coupable de ce blocage politique prolongé. Dès lors, une campagne présidentielle tendue, avec l’extrême droite aux portes de l’Élysée, dans un pays surendetté, affaibli en Europe, avec la guerre en Ukraine, la menace Vladimir Poutine, et le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, tout ça, ce n’est pas le chaos, c’est vrai, mais avouez que ça commence à y ressembler.
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