Édito
Menace de motion de censure : les socialistes pris au piège de leur soumission aux insoumis

Le Parti socialiste semble décidé à suivre la France insoumise en cas de motion de censure. Même si des différences idéologiques flagrantes apparaissent régulièrement entre ses deux entités du Nouveau Front populaire, les socialistes n'ont pas vraiment envie de froisser leur allié.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le groupe parlementaire constitué autour du Parti socialiste (PS), le 9 juillet 2024. (LP/OLIVIER LEJEUNE / MAXPPP)

Marine Le Pen a réaffirmé, lundi 25 novembre, son intention de voter la motion de censure annoncée par la gauche en cas de 49.3 sur le budget. Le sort du gouvernement Barnier ne dépend pas des seuls députés RN, même si c’est ce que veut faire croire Marine Le Pen. Vexée de ne pas peser sur les choix du gouvernement, la cheffe de file de l’extrême droite met en scène jour après jour son ralliement à la motion de censure. Une façon de rassasier sa base, comme si en baissant le pouce, elle avait à elle seule la possibilité de congédier Michel Barnier de Matignon. Sauf que l’addition des députés insoumis (71) et lepénistes (124) n’atteint pas la majorité absolue de 289, même si on y ajoute les écologistes, les communistes et les amis d’Éric Ciotti. En fait, ce sont les 66 députés socialistes qui détiennent la clef de la situation politique. 

Ils penchent clairement du côté de la censure. Mais pour ne pas être accusés de créer le chaos, ils veulent surtout préparer la suite, le jour d’après, c’est-à-dire esquisser la configuration politique et le casting pour Matignon après Michel Barnier. Une façon de ressusciter leur identité de parti de gouvernement. Certains socialistes songent donc à ranimer l’hypothèse Bernard Cazeneuve. D’autres prônent la formation d’un gouvernement "technique" que les groupes de "l’arc républicain" s’engageraient à ne pas censurer.

Des désaccords profonds 

C’est le schéma qu’a évoqué dimanche sur franceinfo le président du groupe PS Boris Vallaud. Sauf qu’à peine énoncée, cette tentative d’émancipation lui a valu un tombereau de menaces et d’accusations de trahison des insoumis et de leur chef, Jean-Luc Mélenchon qui dénonce des socialistes prêts à "changer de ligne" pour créer un "nouveau socle commun" avec les macronistes et la droite.

Pour Jean-Luc Mélenchon, la suite est écrite : c’est le chaos pour pousser Emmanuel Macron à la démission, puis une présidentielle anticipée, et enfin un second tour l’opposant à Marine Le Pen. Une perspective qui fait cauchemarder les socialistes. Sauf que malgré les outrances de leurs partenaires et d’innombrables affrontements sur des sujets majeurs, le soutien à l’Ukraine face à Poutine, la lutte contre l’antisémitisme, ou ce week-end encore, la loi sur l’apologie du terrorisme que LFI veut abroger, les socialistes restent pris au piège de leur soumission aux insoumis. Redoutant de perdre leurs sièges s’ils rompent, mais condamnés à rester dans l’opposition tant qu’ils prolongeront leur sujétion à des alliés aussi sulfureux.

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