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Édito
Projet de loi immigration : le gouvernement va-t-il enterrer l'article sur les métiers en tension ?
L’examen du projet de loi sur l’immigration débute au Sénat lundi 6 novembre. À mesure que l’échéance approche, un article focalise toute l’attention, c’est l’article 3. Cet article crée un nouveau titre de séjour pour les sans-papiers qui travaillent dans les métiers dits "en tension", c’est-à-dire les secteurs qui manquent de main d’œuvre. Une disposition encadrée, avec des conditions d’attribution et de renouvellement assez strictes pour en limiter la portée. Mais elle reste un chiffon rouge pour la droite. Elle la refuse en bloc, parce qu’elle y voit la menace d’un "appel d’air", c’est-à-dire une incitation pour de nouveaux migrants à venir s’installer sur notre territoire. Or, le gouvernement a besoin de l’appui des députés LR pour faire approuver son texte. ÉDITO.
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La majorité semble de moins en moins unie pour défendre cette nouvelle mesure. Cet article 3 attise des dissensions internes et la droite en joue. La rumeur a couru qu’Élisabeth Borne avait laissé entendre au président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, lors d’un rendez-vous lundi, qu’elle pourrait retirer cet article du texte. La Première ministre a démenti ce recul auprès des membres de sa majorité favorables à cette disposition, à commencer par le président de la commission des Lois de l’Assemblée, Sacha Houlié. Matignon reste attaché à la création de ce titre de séjour mais se heurte désormais à un double écueil. D’abord, les réticences de Gérald Darmanin.
L'évolution du climat politique
Le ministre de l’Intérieur n’est pas un farouche défenseur de ce nouveau titre de séjour. Il charge la barque dans l’autre sens, le volet répressif du texte, pour arracher le ralliement des députés LR. Il est, par exemple, prêt à allonger la durée de rétention des expulsables, à autoriser l’expulsion d’étrangers dangereux, même s’ils sont arrivés en France avant l’âge de 13 ans. Pour cela, il s’appuie sur le second écueil auquel se heurte la Première ministre, le changement du climat politique depuis l’attentat islamiste qui a tué Dominique Bernard.
Le gouvernement est, bien sûr, soucieux de rassurer l’opinion face à la menace terroriste. Mais enterrer une mesure sans aucun rapport qui concerne quelques milliers de travailleurs dans la restauration ou le bâtiment, ce serait aussi un aveu de faiblesse qui ouvrirait d’autres fractures au sein de la majorité.
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