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Édito
Réforme des retraites : quelle stratégie pour Marine le Pen, qui affirme qu'elle ne participera "pas à éteindre le feu" ?

La contestation de la réforme des retraites continue. Dans la rue, la tension ne s’apaise pas, avec parfois des violences et de nombreuses interpellations, et voilà que Marine Le Pen n’incite pas au calme… L'édito politique de Renaud Dély.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, dans l'hémicycle le 22 novembre 2022 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / EPA)

Qu'on ne compte pas sur elle pour jouer les pompiers ! "Je ne participerai pas à éteindre le feu" de la contestation a affirmé Marine Le Pen, mardi 21 mars. "Éteindre le feu", l’image n’est pas très bien choisie quand, précisément, la colère se traduit depuis quelques jours par des poubelles voire du matériel urbain ou des voitures incendiés.

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Alors attention, pour la leader d’extrême droite, le seul pyromane, c’est Emmanuel Macron : "C’est le seul qui a les clés d’une crise politique qu’il a créée lui-même", dit-elle. 

Mais disons que cette maladresse de langage illustre aussi le double discours du RN. D’un côté, le Rassemblement national fait profil bas et affecte un profil sage. Marine Le Pen reproche à l’exécutif son manque d’"empathie" pour les Français et elle accuse Emmanuel Macron d’être source de désordre. Et puis de l’autre, elle admet donc que le brasier social en cours est un spectacle qui ne lui déplaît pas.

Le RN n’a joué rigoureusement aucun rôle

Alors, ne pas vouloir "éteindre le feu", est-ce vraiment l’attitude de quelqu’un qui prétend incarner une alternative de gouvernement et qui se voit déjà aux portes de l’Élysée ? Au fond, comme souvent, lors d’un conflit social, l’extrême droite essaye d’être "en même temps" du côté de ceux qui revendiquent, et du côté de l’ordre lorsque la protestation dégénère.
 
Marine Le Pen espère quand même être la grande gagnante de la crise sociale. C’est possible, mais cela n’a rien d’automatique. Parce que depuis le début du conflit sur les retraites, un face-à-face s’est mis en place à l’Assemblée entre la majorité et la Nupes, et dans la rue entre l’exécutif et les syndicats. Dans les deux cas, le RN n’a joué rigoureusement aucun rôle. À peine de la figuration. Et quand une motion de censure a manqué, de peu, de faire tomber le gouvernement, ce n’était pas la sienne, très largement rejetée.

Au contraire, il a fallu que les députés RN aillent cacher leur vote parmi d’autres, derrière une motion transpartisane qu’ils n’ont même pas été autorisés à signer. Preuve que Marine Le Pen n’est pas encore une alternative crédible, et qu’elle reste plutôt un boulet pour les autres oppositions.

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