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Édito
Remaniement : "Collaborateur" du président, fusible... À quoi sert un Premier ministre ?
Un Premier ministre ne sert plus à grand-chose. Le poste a perdu de sa superbe depuis l’instauration du quinquennat en 2000. Avec le raccourcissement de la durée de son mandat, le chef de l’État se retrouve en première ligne non seulement pour définir le cap suivi par l’exécutif, mais aussi pour en assurer la mise en œuvre, pour s’occuper de la gestion du quotidien. Et le Premier ministre est relégué au rang de chef de chantier, en charge du suivi des travaux, un simple "collaborateur" comme l’avait dit Nicolas Sarkozy à propos de François Fillon, ce qui avait fâché l’intéressé.
À l’époque, on attribuait l’activisme du nouveau Président à son tempérament, sauf que François Hollande et Emmanuel Macron ont agi de même, toujours en première ligne pour décider et agir, responsables et souvent jugés coupables de tout. On est loin du fameux article 20 de la Constitution qui prétend que le gouvernement "détermine et conduit la politique de la Nation". Ce qui, au fond, n’a vraiment été le cas sous la Ve République qu’en période de cohabitation.
Un fusible dans l'opinion ?
Ce changement n'est pas seulement dû au quinquennat. L’accélération du temps médiatique, l’exigence accrue de transparence de l’action publique, l’opinion qui lui réclame des comptes, tout cela pousse le Président à s’exprimer désormais partout et tout le temps. Impossible pour l’Élysée de cultiver le silence et de gérer la rareté de la parole présidentielle comme du temps du général de Gaulle ou de François Mitterrand. Une omniprésence médiatique qui étouffe un peu plus le Premier ministre. Il continue de prendre des coups, mais il ne protège plus le président de la République. Jadis, on disait que le Premier ministre lui servait de fusible dans l’opinion, ce n’est plus le cas.
En revanche comme le président de la République cherche surtout un chef d’équipe capable de coordonner le travail collectif du gouvernement, un changement viserait d’abord à rassurer la majorité plutôt qu’à séduire l’opinion. C’est la logique qui avait conduit à la nomination de Jean Castex en 2020 et qui pourrait, peut-être, conduire au remplacement d’Élisabeth Borne. La rumeur d’un remaniement gouvernemental imminent se répand, lundi 8 janvier. Mais un changement de casting ne suffirait pas à résoudre un lourd problème politique : l’absence de majorité absolue à l’Assemblée.
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