Édito
Rentrée politique 2025 : François Bayrou, les "ingénieurs du chaos" et les "idiots utiles"

Le gouvernement de François Bayrou démarre l'année sous la menace d'une motion de censure. Et au-delà du sort du Premier ministre, le RN et LFI sont à l'œuvre pour placer l’avenir du chef de l’Etat au cœur du débat public.
Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
François Bayrou lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 17 décembre 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

L’année 2025 s’ouvre dans un contexte politique toujours aussi complexe et avec un nouveau gouvernement Bayrou déjà menacé de tomber. Avant même que le nouveau Premier ministre ne prononce les premiers mots de sa déclaration de politique générale, dans huit jours, le 14 janvier, les insoumis ont déjà annoncé qu’ils déposeront une motion de censure. Les socialistes pourraient la voter. Et Marine Le Pen a beau avoir affiché un semblant d’indulgence lors de sa nomination, François Bayrou sait ce que valent les engagements de la cheffe de file de l’extrême droite depuis son revirement soudain début décembre pour faire chanter, puis chuter Michel Barnier.

Si le chaos menace, c’est qu’il y a des "ingénieurs du chaos", selon le titre du livre que l’écrivain Guliano Da Empoli a consacré à l’ascension des leaders populistes dans le monde. En France, ces ingénieurs ont deux visages, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, et une cible, Emmanuel Macron. La leader du RN n’a pas même besoin de réclamer haut et fort la démission du président, Jean-Luc Mélenchon le fait pour elle. Marine Le Pen y a intérêt, car elle est menacée d’une lourde peine d’inéligibilité, et Jean-Luc Mélenchon parce qu’il est le seul à gauche à pouvoir financer et donc imposer sa candidature.

Crise politique ou crise de régime ?

En 2025, tous deux veulent donc placer l’avenir du chef de l’Etat au cœur du début public. Des instituts de sondage embrayent avec des enquêtes selon lesquelles six Français sur dix souhaitent son départ. Soit comme pour la plupart de ses prédécesseurs, notamment Nicolas Sarkozy ou François Hollande, qui battaient déjà des records d’impopularité. Mais dans le contexte actuel d’hystérisation du débat public, ces repères ont disparu, la mémoire politique s’est comme dissipée.

Mais une présidentielle anticipée ne serait pas une solution à la crise politique. Au contraire, elle la transformerait en crise de régime, et même en crise démocratique. Qui peut imaginer qu’une campagne ultra-courte, 35 jours, dans le climat actuel, améliore la situation du pays ? Surtout, ce précédent aurait de lourdes conséquences. Les futurs présidents seraient à leur tour sommés de démissionner dès qu’ils deviendraient impopulaires. Mais le pire, c’est qu’à eux seuls, les insoumis et les lepénistes ne peuvent rien. Pour faire tomber les gouvernements, et aggraver l’instabilité politique, ils ont besoin du reste de la gauche, et d’abord du PS. Les ingénieurs du chaos sont impuissants sans ceux que Lénine appelait les "idiots utiles", ces alliés inconséquents qui servent une entreprise dont ils sont eux-mêmes victimes.

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