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Édito
Soixante ans après le Traité de l'Elysée, la France peut-elle se passer de l’Allemagne ?
Dimanche 22 janvier, la France et l’Allemagne ont célébré les 60 ans du Traité d'amitié de l’Elysée entre les deux pays. C'était une journée "gâteau - bougies - flonflons et cotillons". Enfin, presque. On a plutôt eu droit à une cérémonie solennelle à la Sorbonne et un conseil des ministres franco-allemand à l’Elysée. Le tout arrosé d’une prise de parole conjointe d’Emmanuel Macron et d’Olaf Scholz. Pour l’occasion, le chef de l’Etat français et le chancelier allemand ont affiché leur étroite complicité. Une mise en scène un peu surjouée. Il fallait bien ça, la réconciliation franco-allemande ne se conjugue pas qu’au passé, c’est une nécessité, et même une urgence, au présent…
La fin de la brouille ?
Depuis plusieurs mois, pourtant, les sujets de désaccord se multiplient. Paris reproche à Berlin de prétendre faire cavalier seul pour protéger son industrie, relancer son économie ou encore gérer la crise de l’énergie. Sur chacun de ces dossiers, Olaf Scholz a semblé faire passer son intérêt national et celui de ses citoyens, avant de celui de la coopération européenne. En octobre, au plus fort des tensions, un sommet franco-allemand avait même été annulé. Dernier sujet de discorde, le refus de l’Allemagne d’autoriser les pays européens membres de l’Otan à livrer leurs chars Léopard, de fabrication allemande, à l’Ukraine.
Alors, dimanche, Olaf Scholz et Emmanuel Macron ont multiplié les déclarations d’intentions communes sur l’aide à l’Ukraine, la mise en place de mécanismes d’achat de gaz, ou encore la riposte aux subventions déployées par Joe Biden pour protéger son industrie. Et ils ont rivalisé d’attentions mutuelles : accolades, embrassades, et surtout, dernier accessoire d’une diplomatie moderne, une avalanche de selfies tout sourire.
Reste donc cette question : la France ne peut-elle pas se passer de l’Allemagne ? Non. Emmanuel Macron s’agace, grogne, tempête parfois contre l’égoïsme de Berlin. Il signe des traités d’amitié plus poussés avec d’autres, l’Espagne la semaine dernière, l’Italie l’an dernier. François Hollande avait lui aussi flirté avec l’Europe du Sud en début de mandat. Mais toujours Paris finit par revenir vers son premier amour, Berlin. Car même à 27, l’Union européenne continue de dépendre en grande partie de l’impulsion que parvient à lui donner le fameux moteur franco-allemand.
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