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Édito
Une trêve politique pour mieux préparer une rentrée sous tension

La "trève des confiseurs" entre Noël et le Jour de l’An est une période réputée de "calme" politique. Cette semaine, président de la République, gouvernement, parlementaires et même pour la plupart les tenors de l’opposition sont en vacances. Il ne manque pourtant pas d’indices pour penser que la trève n’a jamais autant ressemblé à une veillée d’armes.
Article rédigé par Julie Marie-Leconte
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Olivier Véran à l'Elysée, le 12 décembre 2022. (THOMAS SAMSON / AFP)

Il y a une semaine, les ministres se frottaient déjà les mains : les vacances, enfin, après un début de session parlementaire éprouvant. La semaine entre Noel et le Jour de l’An, ils seraient aux abonnés absents. Règle habituelle rappelée par Matignon : dire où l’on va – pas trop loin – pour pouvoir revenir en cas de coup dur. Et rester joignable, évidemment. Il s’agissait avant tout de souffler : la rentrée allait être suffisamment compliquée entre présentation de la réforme des retraites et augmentation des tarifs du gaz et de l’électricité, etc.

Or, la trève, c’est mal parti. Inutile de reparler des 200 000 voyageurs plantés sur un quai de gare la veille de Noël, pas franchement consolés par le fait que le week-end suivant était sauvé. Hier, Agnès Firmin-Le Baudot a dû prendre la parole pour appeler à la responsabilité les médecins libéraux en grève, quitte à faire peser toute la charge sur les urgences de l’hôpital public déjà débordé. Mais surtout, les syndicats ne décolèrent pas depuis qu’ils ont découvert le projet de décret de réforme de l’assurance-chômage : il prévoit une durée de l’indemnité réduite de 40% si le chômage passait sous la barre des 6%.

"À Noël, on ne fait pas la grève, on fait la trêve"

Sur ce point, l’exécutif aurait-il rompu lui-même la trêve à laquelle il semblait aspirer ? "À Noël, on ne fait pas la grève, on fait la trêve" disait le porte-parole du gouvernement le 21 décembre, avant le dernier conseil des ministres. La grève, certes, non (encore qu’Olivier Dussopt, le ministre du Travail n’a pas jugé bon de s’expliquer alors que la polémique et sur le fond et sur la forme enfle depuis plus de 48 heures) ; mais la trêve, non plus. Emmanuel Macron a validé avant de souhaiter un joyeux Noël aux Français en leur demandant de faire de cette fin d’année un moment de fraternité.

Ce projet de décret sur l'assurance-chômage a de quoi ulcérer la gauche, alors qu’il ne s’agit que de ce qu’on appelle vulgairement un ballon d’essai : le décret n’est valable que 11 mois et, même la macronie le reconnaît, il est très improbable que les 6% de chômage soient atteints en 2023. L’objectif est de montrer les muscles, en attendant la passe d’armes sur le terrain social et très probablement dans la rue. Envoyer un signal politique : plein feu sur la France du travail, avec une foi intacte dans les réformes menées, quitte à être brutal. Ça, c’est le contraire de la trève, cela s’appelle préparer la guerre.

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