Emmanuel Macron à Kiev : enjeu européen et préoccupation nationale
À Kiev, Emmanuel Macron a multiplié les déclarations de solidarité avec les Ukrainiens au nom de "l’unité européenne". Et il a soutenu l’octroi à l’Ukraine du statut officiel de candidat à l’UE.
Il y avait urgence à corriger le tir. Le président Zelensky était froissé par la frilosité d’Emmanuel Macron soucieux, répétait-il, de "ne pas humilier la Russie". Et puis, l’Europe, c’est l’ADN du macronisme. La présidence française du conseil de l’Union s’achève dans deux semaines. Il y avait donc urgence à se rendre à Kiev accompagné de deux chefs de gouvernement de pays fondateurs de l’Union, Olaf Scholz et Mario Draghi, mais aussi du président roumain, Klaus Iohannis. Façon de mettre en scène l’unité du continent, au-delà de tout clivage entre Est et Ouest.
L’opposition critique le moment choisi pour ce déplacement, trois jours avant le second tour des élections législatives. C’est normal. Emmanuel Macron avait aussi ce contexte électoral en tête. Et il a plutôt habilement joué du mélange des genres. Avec un appel solennel à une "majorité solide" depuis la France, sur le tarmac, juste avant de s’envoler. Et puis quand même une allusion au deuxième tour du scrutin jeudi soir sur TF1, depuis Kiev, quand il a répété que les Français devaient être "forts" pour faire face au contexte de guerre en Europe. "Forts", c’est-à-dire rassemblés derrière lui, soyons clairs. On peut comprendre que l’opposition enrage.
Signe de son embarras, Jean-Luc Mélenchon avait jugé mardi que le départ d’Emmanuel Macron pour la Roumanie était une "marque de mépris" pour le second tour des législatives. Et puis hier, le chef des Insoumis a quand même tenu à "(s’) associer au message de solidarité" porté par le président français aux Ukrainiens.
Remettre l'Europe au cœur des débats
Emmanuel Macron espère sans doute un peu profiter dans les urnes de ce qu’on avait appelé "l’effet drapeau" lors du déclenchement de l’Ukraine. Mais plus que la guerre, c’est bien l’Europe que le chef de l’Etat a voulu remettre au centre du débat à l’approche du vote. Le sujet divise les alliés de la Nupes. Ils ont eu bien du mal à digérer, le temps de la campagne, la "désobéissance aux traités européens" prônée par Jean-Luc Mélenchon. Même chose d’ailleurs avec la sortie de l’Otan : elle est défendue par les insoumis et les communistes, mais rejetée par les socialistes et les écologistes.
En ajoutant au "désordre mondial" le spectre d’un "désordre français" s’il n’obtient pas la majorité, Emmanuel Macron tente donc de réveiller les divisions internes à la coalition qui lui fait face. Et de ramener à lui un électorat de centre gauche qui reste résolument pro-européen.
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