François Hollande et Jean Marc Ayrault jouent leur crédibilité sur la moralisation.
La violence des réactions traduit l'avantage de l'opération,
en terme politique.
L'UMP a beau multiplier les tirades et les formules définitives
contre le " rafistolage " ou la " diversion " opérées par
le couple exécutif, l'opposition est bel et bien au pied du mur.
" Serez-vous au rendez-vous ? " lance Jean-Marc
Ayrault à ses adversaires à l'Assemblée, avec un certain mordant, puisqu'il n'hésite
pas à pointer les " hurleurs de la droite ".
Car maintenant que l'opération
est sur les rails, elle aboutira inévitablement à un vote en bonne et due
forme.
Il y aura ceux qui disent " oui ", et ceux qui
disent " non ".
Oui, ou non, à la moralisation de la vie politique. Inutile
de dire qu'il sera bien difficile de s'opposer à un tel intitulé.
Juger les mesures un peu courtes ne suffira pas pour s'y
opposer.
Et les approuver reviendra, tout aussi inévitablement, à
rallier un consensus que François Hollande ne manquera de porter à son crédit.
La droite peut contourner l'obstacle en soulignant ce qui
manque au projet, comme l'application immédiate du non cumul, mais cela signifierait
que tous ses élus appliquent ce non cumul des mandats. Ce qui ne correspondait
pas tout à fait à ses intentions jusqu'à
présent.
Mais cet éventuel
consensus ne suffira pas à faire oublier l'affaire Cahuzac.
C'est vrai, et nul doute que ce nom sera encore souvent brandi
comme le symbole d'une faillite portée par tout le gouvernement, quoiqu'il en
dise, la droite n'en démordra pas.
Elle aura tout loisir de relancer ses accusations si la
commission d'enquête parlementaire est acceptée. Jean-Marc Ayrault a déjà donné
son assentiment à cette procédure, chargée de décortiquer l'action du gouvernement
concernant l'ancien ministre du budget après les révélations de Médiapart.
L'exercice est
dangereux. Les ministres vont devoir rendre des comptes très précis.
Le gouvernement de Jean-Marc
Ayrault s'en sent capable.
Pierre Moscovici campe fermement sur ses positions, sous le
feu des questions le mettant en cause dans l'hémicycle.
Il y aura un avant et un après Jérôme Cahuzac, c'est l'ambition
de l'exécutif.
Le Premier ministre s'affiche résolu, tandis que le président
de la République se dit intraitable.
L'un et l'autre ont voulu signer leur implication sur ces
orientations.
Le président de la République prenant solennellement la
parole après l'intervention du Premier ministre lors du conseil des ministres.
L'un comme l'autre portent le projet.
L'un et l'autre en assumeront politiquement l'éventuel
échec, ou la déception.
Il en va de leur crédibilité et de celle du quinquennat, ils
en sont tous les deux persuadés.
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