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François Hollande et l'obsession mémorielle

Le chef de l'Etat était ce midi dans l'Ain pour commémorer le 71ème anniversaire de la rafle des 44 enfants juifs d'Izieu et de leurs sept éducateurs. L'occasion pour François Hollande de délivrer quelques messages politiques.
Article rédigé par Julien Langlet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Franceinfo (Franceinfo)

 Vingt ans après, François Hollande a donc mis ses pas dans ceux de François Mitterrand en commémorant à son tour l'anniversaire de cette rafle de 44 enfants juifs et de leur sept éducateurs sur ordre de la Gestapo de Lyon et en inaugurant aujourd'hui l'extension de ce lieu devenu musée en 1994. Comme à chaque séquence mémorielle, le chef de l'Etat a délivré un message politique, mis en garde contre le poison du repli, de l'isolement et du fondamentalisme religieux. François Hollande a rappelé le massacre récent de 150 étudiants kenyans, chrétiens pour la plupart, par des fanatiques mais aussi évoqué la situation en Irak, en Syrie ou encore les exactions de la secte Boko-Haram au Nigéria.

Vent debout contre le doute

Evoquant aussi les attentats de Paris il a appelé une nouvelle fois les français à, plus que jamais, se réunir et se rassembler. Et puis, en écho aux résultats des dernières élections départementales marquées par une nouvelle poussée du Front National, le Président de la République a déploré de voir beaucoup de Français douter. Douter de la République qui ne les défendrait pas, douter de l'Europe qui ne les protégerait pas assez, douter du progrès qui ne les concernerait plus. Des messages politiques comme celui-là, François Hollande en prépare déjà d'autres. Il est omniprésent sur ce terrain-là.

Et ce n'est pas seulement l'effet post-11 janvier, même si beaucoup de monde à cette occasion, à commencer par l'opinion, avait loué sa gestion des évènements, d'avoir su trouver le ton juste. « Voilà ce qui vous change... la mort habite la fonction présidentielle », confiait récemment dans un magazine le chef de l'Etat, avant de conclure que le président est le chef de la famille française, il doit partager les douleurs".

L’importance de la mémoire pour le présent et l’avenir

Un côté "Père de la nation" que le président de la République cultive depuis le début de son quinquennat... Il veut inscrire cela dans son action dans son bilan et les déplacements mémoriels se multiplient depuis un an avec le centenaire de la grande-guerre 14-18 et le 70ème anniversaire de la Libération avec des rendez-vous plus marquants que d'autres, comme celui du 6 juin commémorant le Débarquement ou encore du 11 novembre dernier à Notre-Dame de Lorette dans le Pas de Calais pour inaugurer l'anneau de la mémoire. François Hollande avait rappelé encore ce jour-là l'importance de la mémoire pour le présent et pour l'avenir et mis en garde, une fois de plus, contre la tentation du nationalisme en Europe en citant un certain François Mitterrand.

En épouvantail, l’extrême-droite

Les mises en garde contre l'extreme droite sont récurentes. Obsédé par l'état de la société française qu'il sait fragilisée, repliée sur soi, menacée par le communautarisme, François Hollande sait que l'histoire, en plus d'être un refuge en cas d'impopularité, peut fédérer les Français et c'est encore plus vrai depuis les attentats du mois de janvier. Il l'a dit lui-même lors de sa dernière conférence de presse : il est le garant du vivre-ensemble.

C'est pour cette raison qu'il s'était rendu récemment en Alsace après la profanation d'un cimetière juif à Sarre-Union pour dénoncer la république attaquée. Il y a derrière tout cela « l'expression des maux qui rongent notre République », avait-il dit. Des mises en garde que François Hollande aura l'occasion de refaire à la fin du mois de mai lors de l'entrée au Panthéon de quatre grandes figures de la résistance et avant cela, en Alsace encore, le 26 avril, au camp de Struthof, à l'occasion de la journée nationale de la déportation. Pas un hasard, pas un détail à l'heure ou celui de Jean-Marie Le Pen se rappelle depuis bientôt 30 ans aux souvenirs du FN...

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