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Jean-Luc Mélenchon : le ministère de la parole

Jean-Luc Mélenchon était l'invité de "questions d'info" aujourd'hui sur LCP, avec le Monde, l'AFP, et France Info. L'ancien candidat à la présidentielle n'a rien perdu de sa verve depuis la présidentielle. Il est toujours indigné, même après l'arrivée d'un président socialiste à l'Elysée.
Article rédigé par franceinfo
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Indignez-vous ! le mot d'ordre de Stéphane Hessel convient
tout à fait à Jean-Luc Mélenchon, d'où son hommage à la modernité du résistant
mort aujourd'hui. "Je souhaite à
tous d'avoir autant de fraîcheur d'esprit et de capacité d'indignation qu'il en
avait lui à 95 ans, car j'en connais qui sont beaucoup plus jeunes et qui dont
déjà complètement amortis, habitués à la souffrance des autres et qui ne feront
rien.

- Il avait quand même
rejoint le Parti socialiste, ça vous a déçu ?

"Ça prouve sa candeur
et sa naïveté de jeune homme, parce qu'il a cru que ça pouvait s'arranger, que
les socialistes allaient pouvoir être autre chose que des sociaux libéraux, il
s'est trompé, mais je ne lui en veux pas."

Les socialistes. La voilà la source  de l'indignation de Jean-Luc Mélenchon.Des
socialistes qui laissent prospérer les violences, à l'en croire.

"Imaginez-vous
que ce soit sous monsieur Sarkozy qu'il y ait eu 2 personnes qui s'immolent
devant un Pôle-Emploi. Imaginez-vous que ce soit monsieur Guéant qui ait fait
un tir de flashball sur un ouvrier de 25 ans qui vient à Strasbourg, vous
imaginez l'action révolutionnaire participer à une manifestation. Ça veut dire
que nous nous habituons à une élévation de la violence sociale, de la violence
de l'ordre établi pour maintenir l'ordre. Vous avez un ministre de gauche qui a
l'air de faire un concours avec son prédécesseur dans le passé Jules Moch, lui
aussi faisait tirer
sur les ouvriers,
alors c'était des balles, maintenant c'est avec des flashballs. C'est une
espèce de compétition pour qui va être le plus dur, le plus austère, le plus
violent, va contrôler le mieux. Les mots deviennent d'une violence terrible."

Des socialistes qui évoluent... tel Henri Emmanuelli qui
estime qu'il faut poser la question de la durée des cotisations retraites. Ce
qui attriste Jean-Luc Mélenchon.

"C'est très
douloureux pour moi de l'entendre parler comme ça. Alors c'est un changement de
pied tout à fait extraordinaire, qui me déçoit, qui m'attriste, qui me peine,
car Henri a toujours été du bon côté toutes ces années, et quand c'était pas
facile pour lui. C'est consternant."

Consterné, Jean-Luc Mélenchon. Consterné par l'exercice du pouvoir pratiqué par les
socialistes et leurs alliés.

Le co-président du Parti
de gauche qui estime donc incarner une alternative à gauche.

La persistance de la crise économique renforce ses
convictions. Tout comme le résultat des élections en Italie.

"La société
européenne toute entière est en train de se cabrer. Et la chaîne va craquer
quelque part, j'en suis absolument sûr, je ne sais pas où, je ne sais pas quand
même, mais j'en suis certain. c'est pour ça que j'ai créé le front de gauche
avec mes camarades, pour qu'il y ait une force politique d'appui, On va se
battre pour ça, pour être le recours, pour être ceux qui peuvent proposer une
politique alternative. On a là des choses à proposer "

Jean-Luc Mélenchon qui soutient la proposition de loi du Front
de gauche visant à amnistier les syndicalistes condamnés sous la présidence de Nicolas
Sarkozy. Et qui estime à cette occasion qu'il faut " tordre le bras de François Hollande en espérant que ça lui fasse mal  ".
Un propos musclé, que Jean-Luc Mélenchon assume.

"Je rencontre le
président de la République, nous en parlons. Il me dit : " oui, c'est
très intéressant, je le note, tu as raison, on va en parler ". Il ne fait
rien. Je le revois une deuxième fois, il me dit : "Ah oui, mais je
ne suis pas saisi ". Qu'est-ce qu'il fait ? Il me balade et il me
ment, S'il me dit : " je ne suis pas saisi " et qu'il l'est.
Donc il est normal à partir de là que je monte le ton. "

Car donner de la voix, c'est la seule arme dont dispose
désormais Jean-Luc Mélenchon, il l'admet.

"Qu'est-ce que
vous voulez que je fasse d'autre ? je n'ai que le ministère de la parole,
donc qu'est-ce que je peux faire ?... ".

Jean-Luc Mélenchon détenteur du ministère de la parole,
donc.

Jean-Luc Mélenchon co-président
du Parti de gauche, invité de "questions d'info", l'émission de la chaîne
parlementaire, avec France Info, le Monde et l'AFP.

L'intégralité de cet
entretien est diffusé à
19h30 ce soir sur LCP-Assemblée nationale.

 

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