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La Nupes passera-t-elle l’hiver ?

Fabien Roussel s‘est opposé à plusieurs reprises ces derniers temps à Jean-Luc Mélenchon. Des divisions qui illustrent la rentrée délicate de la Nupes. L'édito politique de Renaud Dély.

Article rédigé par Renaud Dély
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Luc Mélenchon, le 14 juin 2022, à Toulouse. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

La Nupes passera-t-elle l’hiver ? C’est la question qui se pose aujourd’hui à gauche. S’agit-il d’une stratégie d’union sur le long terme, ou d’un cartel électoral éphémère qui a permis de sauver les meubles aux législatives ? Et les sujets de tensions sont multiples.

Il y a eu cette polémique ouverte à la fête de l’Humanité par Fabien Roussel : iI a exhorté son camp à ne pas se contenter d’être "la gauche des allocs", mais à redevenir "la gauche du travail". Le secrétaire national du PCF a aussitôt été accusé par ses alliés Insoumis et Verts d’user d’une rhétorique "réactionnaire", et même "d’extrême droite".

Fabien Roussel a aussi jugé décevants les résultats de la Nupes aux législatives. Avec 151 députés, sur 577, l’alliance a limité les dégâts, mais la gauche a obtenu un de ses plus faibles résultats, en voix comme en députés, de la Vème République. Le député Insoumis François Ruffin a lui aussi déploré que la gauche n’ait pas reconquis l’électorat populaire des zones rurales et de la France périphérique. Mais ce type d’analyses, au sein de la Nupes, c’est tabou à cause du leadership de Jean-Luc Mélenchon et surtout de la façon dont il l’exerce.

Jean-Luc Mélenchon trop présent ?

Le leader insoumis a obtenu un très bon score au premier tour de la présidentielle et depuis, la seule analyse qu’il tolère, et qu’il répète, c’est que la division de la gauche lui a coûté l’Elysée, pour une poignée de voix… Au passage, il oublie qu’il y avait aussi un second tour à gagner. Depuis, en tous cas, le chef, c’est lui, ça ne se discute pas. Et Jean-Luc Mélenchon prend des initiatives en solo. Au lendemain des législatives, il a tenté, en vain, d’imposer la constitution d’un groupe unique à l’Assemblée. Et puis, il a appelé à une "grande marche contre la vie chère" mi-octobre, ce qui a fâché les syndicats et froissé ses partenaires.

Les alliés de Jean-Luc Mélenchon supportent-ils qu’il décide seul ? Ca dépend lesquels. Ainsi, il n’a pas de souci à se faire avec la direction du PS. Le premier secrétaire, Olivier Faure, est devenu le premier des mélenchonistes. Bernard Cazeneuve l’a même accusé d’être "toutouisé". Ce qui incite un peu plus Fabien Roussel à cultiver sa différence.

Quant aux Verts, ils écartent l’idée avancée par Jean-Luc Mélenchon de faire liste commune avec les Insoumis aux européennes tant sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, les fractures internes à la gauche restent profondes. Au fond, le principal ciment de la Nupes a un nom, c’est l’anti-macronisme.

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