Cet article date de plus de neuf ans.

Le "non" grec laisse la classe politique française divisée

Après le "non" au référendum grec, le débat repart de plus belle en France. En ordre dispersé...
Article rédigé par Yannick Falt
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Comme lors du "non" de 2005, le "non" français à la constitution européenne, on n'est pas dans le clivage traditionnel, bloc contre bloc, gauche contre droite, les lignes de fractures sont plus nombreuses. On retrouve d'ailleurs les oppositions du référendum de 2005 entre europhiles et eurosceptiques. Et ce sont les eurosceptiques, voire les europhobes qui donnent de la voix. Ils ont crié victoire dès dimanche en appelant à un rassemblement place de la République. Pierre Laurent, Olivier Besancenot, Jean-Luc Mélenchon... la gauche de la gauche est à nouveau unie, le référendum grec validerait son positionnement : oui il faut aider la Grèce, oui il faut stopper la cure d'austérité imposée par Bruxelles et la chancelière allemande Angela Merkel.

C'est en substance ce que dit aussi l'extrême droite. Marine Le Pen évoque une "belle et grande leçon de démocratie " et prédit la fin de la zone euro. Quant à Nicolas Dupont-Aignan, il estime que "le réveil des peuples arrive enfin ". Le souverainiste conclut : il faut une sortie organisée et concertée de ce qu'il appelle "le carcan de l'euro ".

Une sortie de la zone euro n'est plus un tabou

Une sortie de la Grèce de la zone euro, c'est aussi ce que demande Alain Juppé. L'ancien Premier ministre dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Le raisonnement du maire de Bordeaux est simple : le peuple grec est souverain, il a choisi. Chercher à maintenir la Grèce à tout prix dans la zone euro fragiliserait l'ensemble du système. Il n'y a donc pas le choix. En disant "non" au nouveau plan de redressement européen, Athènes dit non à l'euro. Cette position est partagée par l'ancien président Valéry Giscard d'Estaing. VGE qui a été l'artisan de l'adhésion de la Grèce à l'Union européenne en 1980. Cette position est aussi partagée par le centriste Jean-Christophe Lagarde. 

Mais beaucoup à droite n'osent pas parler d'exclusion. La priorité n'est pas de protéger la Grèce mais la zone euro martèle Nicolas Sarkozy pour qui Alexis Tsipras n'est plus en position de négocier. Attention de ne pas réduire à néant les efforts réalisés par l'Espagne, le Portugal ou l'Irlande prévient de son côté François Fillon qui évoque simplement un maintien de la Grèce en Europe.

La majorité marche sur des œufs

Le gouvernement veut à tout prix éviter une sortie de la Grèce de la zone euro. Le scénario catastrophe qui devient plus vraisemblable que jamais. François Hollande veut donc laisser la porte ouverte aux négociations. Pour éviter "un saut dans l'inconnu ". Au gouvernement comme au PS, on a donc relayé le message aujourd'hui : il faut attendre les nouvelles propositions de la Grèce. Pas d'exclusion automatique donc, rien de définitif.

Il faut dire que la crainte est double pour l'exécutif : apparaître en position de faiblesse sur la scène européenne, montrer l'échec du couple franco-allemand mais aussi relancer en France le débat sur les orientations économiques du gouvernement : lutte contre les déficits, virage social-démocrate voire social-libéral... De quoi remettre en selle des frondeurs qui se faisaient un peu discrets ces derniers temps. Voilà qui est potentiellement explosif à deux ans de la présidentielle, alors que la priorité à gauche est de recoller les morceaux d'une majorité fracturée.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.