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"Les Républicains" : un nom qui ne va pas tout changer

L’UMP va devenir ce week-end "Les Républicains". Les adhérents du parti votent pour ce changement de nom et des changements de statuts. Voici ce que le changement de nom ne règle pas.
Article rédigé par Jérôme Jadot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Olivier Bost © RF)

L’idée des Républicains est une bonne idée, elle permet de capter une partie de l’histoire avec un côté rassembleur quasi-universel. Ce changement doit faire oublier ces dernières années tumultueuses et douloureuses pour la droite. Mais la bonne idée présente effectivement quelques limites.

 

Les Républicains ne rassemblent pas la droite et le centre

 

Avec les Républicains, Nicolas Sarkozy a aussi l’ambition de refaire le coup de l’UMP à sa création. Petit flash-back rapide, l’UMP est née après le 21 avril 2002 après la qualification au second tour de la présidentielle du Front National avec Jean-Marie Le Pen. La volonté de ses fondateurs était le rassemblement large de la droite et du centre pour répondre à l’éclatement de l’électorat. Les Républicains doivent donc reproduire une part de cette stratégie. Mais; depuis les centristes avec l’UDI ont vraiment pris goût à une certaine indépendance. Nicolas Sarkozy n’y est pas pour rien c’est aussi l’un des résultats de son quinquennat à l’Elysée. Concrètement, l’UMP aujourd’hui, "Les Républicains" après-demain ont du mal à passer un accord avec l’UDI pour les élections régionales. En Ile-de-France, à gauche, la machine Bartolone, qui est en bonne passe de rassembler largement autour d’elle, va entrer en campagne dès demain. Et pendant ce temps-là, Nicolas Sarkozy a le plus grand mal à convaincre la candidate UDI Chantal Jouanno de rejoindre Valérie Pécresse. La situation est encore plus compliquée en Bourgogne – Franche-Comté où l’UDI François Sauvadet bataille pour la première place contre l’UMP Alain Joyandet. En Rhône-Alpes – Auvergne enfin, les centristes de la métropole lyonnaise n’ont pas encore digéré le choix du très droitier Laurent Wauquiez pour mener le combat. A la fin, il y a aura des accords partout mais il faudra encore voir si tout le monde fera vraiment campagne. Conclusion, le changement de nom de l’UMP vers "Les Républicains" n’aura pas simplifié l’union du centre et de la droite.

 

Des rivalités toujours aussi vives chez "Les Républicains"

 

"Les Républicains" n’effacent absolument pas les rivalités internes à l’UMP. Alain Juppé a répété autant de fois qu’on lui posait la question qu’il n’était pas convaincu par ce nom. C’est une façon de dire pour le maire de Bordeaux et candidat à la primaire que l’action de Nicolas Sarkozy à la tête du parti n’a pas beaucoup d’importance. Bruno Lemaire, dans le Monde de ce jeudi, estime que le nom est une question secondaire, "une question qui ne tient pas en haleine les français" . Dans ses propos, Bruno Lemaire fait quasiment acte de candidature pour la primaire. Il estime que "Les Républicains", le parti, ne sont pas là pour porter le projet présidentiel. Il répond ainsi à Nicolas Sarkozy qui veut présenter en juin projet un socle commun d’idées que devra reprendre chacun des candidats à la primaire.

C’est malin politiquement mais ça risque de faire peu d’émule. Un peu comme le nom ‘Les Républicains’.

 

"Les Républicains" ne feront pas tous oublier

 

C’est le dernier écueil, croire au côté lessiveuse de l’opération. ‘Les Républicains’ feraient oublier l’UMP. La catastrophique bataille entre François Fillon et Jean-François Copé : oublié ! Le dépassement des frais de campagne avec Bygmalion : disparu ! Les affaires de Paul Bismuth, de Claude Guéant et d’autres : Tout serait définitivement associé à l’UMP, et non aux Républicains. Le seul hic, c’est que les protagonistes restent, à quelques exceptions près, exactement les mêmes. Au-delà des affaires, Nicolas Sarkozy, qu’il soit UMP ou Républicains, sera toujours Nicolas Sarkozy : celui qui a été président de la République et qui veut le redevenir.

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