Martine Aubry grippe la communication gouvernementale
Martine Aubry avait pourtant prévenu François Hollande lors de leur déjeuner en tête à tête à Lille lors de la finale de la Coupe Davis entre la France et la Suisse. Elle avait prévenu le chef de l'État que si le projet de loi pour la croissance et l'activité restait en l'état, elle monterait au filet.
Elle a tenu parole et la volée est arrivée ce mercredi matin dans une tribune publiée dans Le Monde ou la maire de Lille fustige l'ouverture des commerces le dimanche. Martine Aubry parle de régression et se dit fermement opposée à cette idée. Le tout, quelques minutes avant la conférence de presse du Premier ministre, tendu, irrité par les questions des journalistes sur le sujet.
Une fracture au sein du PS
"Il ne faut pas qu'il y ait de flou monsieur Macron, vous voyez ce que je veux dire... " Manuel Valls dont l'humour grinçant n'a pas dissimulé son agacement, ce qu'a bien noté, railleur, un des députés frondeurs Laurent Baumel. "J'ai trouvé le Premier ministre assez tendu lors de la conférence de presse [...] Cette fois-si, les choses sont plus compliquées, nous n'avons pas par rapport à ce texte les mêmes contraintes... " Comprenez par là que cette fois, si le texte reste en l'état, plusieurs parlementaires socialistes et pas seulement des frondeurs sont prêts à franchir le Rubicon et à voter contre le texte.
C'est une fracture plus large qui vient de s'ouvrir au sein de la majorité socialiste avec ce projet de loi Macron et si cela amuse la droite, ça ne fait pas rire tous les parlementaires socialistes au palais Bourbon. A l'instar de Christian Jacob, le patron des députés UMP à l'Assemblée, la droite a bien sur mis du sel sur les plaies de la majorité. "Maintenant c'est frontal entre les militants PS et le président de la République "
"Ne pas rester dans la caricature "
Beaucoup de militants socialiste en ont marre d'être secoués, disent à mots couverts plusieurs députés de la majorité. Ils ont besoin d'apaisement les militants et pas de tension permanente. Beaucoup aussi ne comprennent pas non plus pourquoi sur ce sujet du travail du dimanche, le gouvernement n'agit pas par décret. Enfin d'autres sont remontés contre Martine Aubry à l'image de Razy Hamadi, le député de Seine-Saint-Denis : "ayons au moins le débat, essayons de l'avoir sans posture parce que toute posture résumé une caricature ". Une supplique relayée aussi par le député du Maine-et-Loire Luc Belot. "Il ne faut pas rester dans la caricature, je regrette qu'Arnaud Montebourg ait eu à l'époque des propos aussi violents et radicaux qui nuisent à la réalité de la portée de ce texte".
Dès dimanche soir, le premier secrétaire du PS avait déjà dénoncé l'extension de l'ouverture des commerces le dimanche. Le débat sur ce texte le 22 janvier à l'Assemblée promet d'être mouvementé et le gouvernement aura peut être besoin des voix de la droite et du centre pour le faire adopter.
Entre Martine Aubry qui tire d'un côté, Manuel Valls de l'autre, les tensions ne sont pas prêtes de s'apaiser au sein de la majorité, prédit dépité un autre député qui ajoute qu'aujourd'hui il y a des parlementaires qui sont là pour faire la loi et puis il y a des socialistes qui préfèrent préparer le congrès.
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