Édito
Pourquoi Élisabeth Borne est aujourd'hui candidate à la direction de Renaissance

Élisabeth Borne annonce dans "Le Parisien" sa candidature à la tête du parti présidentiel. Le timing peut surprendre alors qu'il n'y a pas encore de gouvernement.
Article rédigé par Aurélie Herbemont
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'ex-Première ministre, Élisabeth Borne, le 25 juin 2024. (FRED TANNEAU / AFP)

Alors qu'Emmanuel Macron cherche toujours comment former un gouvernement, voilà que les hostilités sont lancées pour le congrès de Renaissance. Élisabeth Borne dégaine la première. Le congrès doit se tenir à l'automne pour élire sa nouvelle direction. Aucune date n'est fixée à ce stade mais les statuts prévoient ça d'ici fin novembre. Autant dire une éternité vu les incertitudes liées à la période politique.

"Hallucinant", soufflent des conseillers de l'exécutif qui trouvent ce timing "étonnant", à quelques heures des rencontres des chefs de partis avec le Président de la République. C'est le signe qu'on est en "pleine course de petits chevaux", soupirent certains dans l'ex majorité, et surtout que Gabriel Attal n'a pas que des amis. Il n'a jamais dit ouvertement s'il briguerait ou non la direction du parti mais ne l'exclut pas, même si, selon son entourage, il se concentre d'abord sur ses rentrées de Premier ministre démissionnaire puis de président de groupe à l'Assemblée avant de songer à autre chose.

Barrer la route à Attal

Mais c'est bien pour tenter de lui barrer la route qu'Élisabeth Borne se lance, en expliquant que "ce n'est pas l'usage d'être patron de groupe et en même temps de diriger un parti". Un soutien d'Élisabeth Borne est formel : "Il fallait qu'elle se déclare tôt car lui l'aurait fait sitôt un nouveau Premier ministre nommé, là, Attal devra expliquer pourquoi elle n'est pas la bonne candidate". Et ses partisans de vanter le côté collectif d'Élisabeth Borne qui manquerait à Gabriel Attal, pourtant élu dans un fauteuil à la tête des députés en juillet pour avoir sauvé les législatives.

Élisabeth Borne en profite pour afficher sa bonne relation avec Gérald Darmanin. Il y un an, le ministre de l'Intérieur était un rival d'Élisabeth Borne ; aujourd'hui il est un rival de Gabriel Attal. C'est le jeu : alliances et inimitiés vont et viennent. "Tous ceux qui la soutiendront, ce sera juste pour pourrir la vie d'Attal", résume un macroniste. Et Élisabeth Borne de lancer un autre avertissement : "Le parti n'a pas vocation à être une écurie présidentielle".

Rappelons que ce parti avait été construit par Emmanuel Macron de toute pièce pour servir son ascension vers l'Élysée. Limitation à deux mandats oblige, il ne servira plus à Emmanuel Macron. Mais il peut être utile à d'autres, à Gabriel Attal ou... à Gérald Darmanin ! Car un parti ce sont des moyens financiers : le nerf de la guerre pour une campagne. Ce sont aussi des militants. Avec sa candidature, Élisabeth Borne semble vouloir repousser le moment où les fauves s’affronteront pour partir à l’assaut de l’Élysée, ce qui, de toute façon, ne manquera pas d‘arriver.

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