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Résultats présidentielle 2022 : quel profil pour le prochain Premier ministre d'Emmanuel Macron ?

Qu'est-ce qu'un bon Premier ministre ? Souple, le cuir épais, sans ambitions personnelles... Comme dans un couple, c’est celui avec qui ça fonctionne. L'édito politique de Neïla Latrous.

Article rédigé par franceinfo - Neïla Latrous
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Emmanuel Macron, le 19 avril 2022. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Qu'est-ce qu'un bon Premier ministre ? Il n'y a pas de bonnes réponses a priori, pas de réponses évidentes à cette question. C'est comme dans un couple, le partenaire idéal, c'est celui avec qui ça fonctionne. Et par conséquent, c'est à l'usage que les faits décident si un Premier ministre fut bon ou non pour le président qu'il a servi.

Dans le cas d'Emmanuel Macron, il est plus facile d'écarter certains profils comme les Premiers ministres, par exemple, trop rigides. Le "en même temps" invite à la souplesse, et plus encore dans un deuxième mandat que le président souhaite marqué par la concertation et le dialogue social. Donc, le futur Premier ministre doit savoir rassembler, écouter, trancher aussi, mais en se rappelant qu'il n'y a qu'un seul chef et qu'il est à l'Élysée.

À portée de baffes

Sont donc écartés les fortes têtes, les profils flamboyants, ceux qui prennent trop la lumière et qui jouent le rapport de force avec l'Élysée. Ça veut dire pas de professionnels de la politique qui arrivent à Matignon avec un entourage, une écurie, des ambitions. C'est peut-être le plus difficile à trouver dans un deuxième mandat (qui sera forcément le dernier pour Emmanuel Macron), la personnalité qui sache tenir un exécutif à un moment où va s'ouvrir irrémédiablement la bataille pour la succession. Le futur Premier ministre ne devra pas avoir d'ambitions pour lui-même tout en gérant une équipe submergée d'ambitions personnelles.

>> Présidentielle 2022 : quels seraient les pouvoirs de Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen si Emmanuel Macron devait nommer l'un d'eux Premier ministre ?

Donc le profil idéal, c'est une personnalité terne, sans ambition, prête à avaler des couleuvres. En politique, ce sont souvent des qualités, d'autant plus pour Emmanuel Macron qui va devoir aussi tirer les leçons de la présidentielle qui, quoi qu'on en dise, n'a pas purgé les tensions. La société en sort plus malade qu'elle n'y est entrée, disent les proches du chef de l'État. Donc, un Premier ministre avec le cuir épais, à portée de baffes comme on dit, proche du quotidien des Français. C'est peut être la première des exigences après les scores d'une Marine Le Pen et d'un Jean-Luc Mélenchon qui se revendiquent tous les deux du bloc populaire face à un bloc supposément élitaire incarné par Emmanuel Macron. Le chef du gouvernement devra connaître le prix du gazole près de Pazayac en Dordogne, tout en ayant la fibre écologique pour matérialiser le changement de paradigme souhaité par Emmanuel Macron.

Une femme ?

Pas forcément. Les critères précités, additionnés à l'expérience avec une situation macroéconomique qui peut s'obscurcir, vont l'emporter en tout temps et en toute heure sur les considérations de genre. En Macronie et dans l'absolu, il n'y a pas de raison qu'un homme soit meilleur qu'une femme. Il n’y a pas de raison non plus qu'une femme soit meilleure qu'un homme, comme ça, par principe.

Le dernier point qui est soulevé est : vaut-il mieux un Premier ministre politique pour mener la bataille des législatives ? C'est un faux débat. Quand Édouard Philippe est nommé en 2017, il ne connaît pas les trois-quarts des candidats investis. Sur les affiches, c'est la photo du président qui est à côté, pas celle du Premier ministre. Donc c'est le président en fait qui mène la bataille des législatives. Le Premier ministre, lui, va devoir veiller jusqu'à juin à ne pas faire de bourdes, à ne pas créer de sujets de crispation. Là aussi, ça marche comme dans un couple

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