UMP : de la haine au dialogue de sourds.
Nous allons dire que c'est un progrès, car Jean-François Copé et François Fillon se sont parlés, tous les deux. Une discussion impossible depuis dimanche dernier. Les deux rivaux ne s'adressaient
plus la parole que par media interposé.
Hier, c'est l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, qui a
joué les télégraphistes, recevant l'un, téléphonant à l'autre, pour leur dire aujourd'hui
de se parler, face à face.
La rencontre a donc eu lieu, une demi heure durant. Et un point d'accord, au bout du compte, sur une consultation des
militants. Un vote, donc, comme el réclamait François Fillon. Mais pas un vote pour élire de nouveau leur président, un référendum pour
décider si ces militants veulent re-voter pour élire leur patron. La proposition de Jean-François Copé a donc été acceptée par François
Fillon.
C'est un grand pas, mais aussitôt suivi
d'un pas en arrière.
Oui, comme le dit la chanson, trois pas en avant, trois pas en arrière... Car la proposition de Jean-François Copé est assortie d'une grosse
condition, que François Fillon abandonne toute idée de poursuite judiciaire et
de constitution d'un groupe dissident à l'Assemblée nationale. Or, ce soir, le groupe de Jean-François Copé est bien en voie de
constitution. Son président en sera François Fillon. Son objectif :
obtenir une nouvelle élection du président de l'UMP. Ce qui, évidemment, n'est pas du goût de Jean-François Copé, qui
pourrait, en conséquence retirer sa proposition.
Le projet de référendum est donc
mort né ce soir ?
Pas encore. Officiellement en tout cas, puisque formellement le groupe
de François Fillon ne sera constitué que mardi prochain, lors de la conférence
des présidents à l'Assemblée. Ce qui se passe ce soir, c'est que Jean-François Copé a effectué un petit
pas de côté en proposant ce référendum. Ce qu'il espère, c'est évidemment que les militants répondent non, on ne
veut pas recommencer ce processus dévastateur, on veut tourner la page. Ses cartouches dans ce but : incarner une présidence rassembleuse et
rénovée. Chaque jour qui passe, conforterait sa position de président élu. Ce qu'espère François Fillon, c'est obtenir l'impartialité d'un vote sous
l'égide d'une direction collégiale et incontestable, qui aboutisse à un nouveau
processus de désignation du président de l'UMP, qui tournerait cette fois l'inversion
des résultats. Ses cartouches : incarner une force attractive et solide à l'UMP. Le risque est toujours le même, la scission du rassemblement.
Mais Nicolas Sarkozy veille. C'est
lui qui organise ces tentatives de reprises de dialogues.
Il intervient dans l'ombre. Officiellement,
Nicolas Sarkozy ne dit rien. Mais le fait que les deux prétendants à sa succession (empêtrés dans une
querelle peu glorieuse) se réclament de
lui, ou de ses propositions rehausse sa stature, et préserve son objectif :
conserver une UMP unie qui lui permette de choisir, le moment venu, de revenir
ou pas dans la course présidentielle.
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