Un dérapage, une faute de carre, la piste verglacée du gouvernement
La descente a commencé la semaine dernière avec Emmanuel Macron. Il n’avait pas encore été nommé ministre de l’Economie et c’est en tant qu’ancien conseiller à l’Elysée et ancien banquier qu’il avait évoqué un assouplissement des 35 heures. Comme entretemps Emmanuel Macron est devenu ministre, il est accusé de vouloir briser un tabou. Les 35 heures constituent une référence fondamentale pour la gauche.
La réduction du temps de travail a commencé en 1936, avec le Front Populaire et le passage de 48 à 40 heures, puis tout doucement, les 39 heures, et les 35 heures avec le gouvernement Jospin. La gauche en était restée là. Mais à l’époque, on envisageait le passage à la semaine de 4 jours. La réduction du temps de travail, les 35 heures, constituent donc un tabou intouchable à gauche.
Emmanuel Macron a donc corrigé le tir en se rendant ce mardi dans une SCOP, une Société Coopérative Ouvière. Ça sonne bien le retour vers le monde ouvrier. En réalité aujourd'hui, une SCOP est une Société Copérative de production, on a oublié le terme ouvrier. Il a été ressorti pour la bonne cause, pour montrer qu’Emmanuel Macron ne fréquentait pas que les allées du pouvoir économique et politique. Le ministre de l’économie sait aussi rencontrer des ouvriers. Son dérapage a été contrôlé.
Dérapage contrôlé pour Macron, faute de carre pour Rebsamen
En revanche François Rebsamen a commis une dérapage aujourd'hui. On peut même parler de faute de carre, comme à l’époque où les skis n’étaient pas très indulgents et où une faute de carre vous faisait effectuer un beau soleil dans la neige. Le ministre du Travail a tout bonnement proposé de renforcer les contrôles sur les demandeurs d’emplois, car il y a plusieurs centaines de milliers de chômeurs qui ne recherchent pas d’emploi.
En réalité, le ministre du travail voulait rappeler la mission de Pôle Emploi, et rappeler la loi. Mais il a touché un tabou de l’imaginaire de gauche. Aux yeux de la gauche, la droite considère que les chômeurs sont des coupables, alors que pour la gauche sont des victimes. François Hollande lui-même, en février 2012, reprenait ce distingo pendant la campagne présidentielle : "il n’est jamais utile , disait-il, pour un président sortant qui est en échec de s’en prendre aux plus fragiles, ce n’est pas les victimes qui doivent être les responsables ".
François Rebsamen ce soir rectifie : Il ne faisait que rappeler qu’il s’agit de comprendre pourquoi ces chômeurs ne recherchent pas d’emplois, pour mieux les aider à en trouver. Le gouvernement donne toujours le sentiment d’être sur une pente assez verglacée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.