L'empire des séries. "Jeune et Golri", le "Fleabag" à la française
Dans "Jeune et Golri", Agnès Hurstel met en scène la vie d'une jeune comique de stand-up qui tombe amoureuse d'un quadragénaire malgré elle. Une autoanalyse drôle, tendre et actuelle, qui rappelle la série autobiographique de Phoebe Waller-Bridge, "Fleabag".
C’était la série comique du festival Series Mania. Prix de la meilleure série française attribué par un jury de journalistes étrangers. Une histoire dans le milieu du stand-up. Une série en huit épisodes disponible sur OCS.
Dans Jeune et Golri, Prune a 25 ans, elle est comique
Avant de jouer au sous-sol d’un club, elle pose sa bière, son téléphone, sa bouteille d’eau sur un tabouret, et commence à se moquer de sa vie. Un soir où elle n’a pas décroché un rire, ses collègues lui donnent un gage : embrasser un quadragénaire sur la bouche. Elle en tombe amoureuse.
C’est ce choc de génération qui est au centre de cette série bien d’aujourd’hui, à la fois drôle et touchante. Une série jouée et imaginée par l’artiste de stand-up Agnès Hurstel. Comme dans ses sketches, la série s’inspire de sa propre vie :
"C’était il y a 5 ans au moment de l’affaire Harvey Weinstein, de #MeToo, je montais sur scène tous les soirs pour faire des blagues. Je rêvais d’être une amazone moderne, je rêvais d’être une femme libre sur son scooter, célibataire, autonome et tout, et je tombais au même moment amoureuse d’un homme blanc, hétérosexuel, beaucoup plus âgé que moi, qui gagnait beaucoup mieux sa vie que moi."
En fait, tu ne peux pas aller contre une histoire d’amour. Mais tous les soirs sur scène, je questionnais l’ambivalence de vouloir être ce que tu penses être du bon féminisme, et vivre cette histoire. Je me suis dit : il faut décrire ça, il faut en parler, d’avoir peur d’être une mauvaise féministe aujourd’hui, de ne pas être 'woke'.
Agnès Hurstel
"Ces histoires-là ont le droit d’exister, ajoute la réalisatrice et comédienne : ce n’est pas parce que je suis blanche, hétéro, et à Paris, que je suis une connasse".
Ajoutez une flopée de jeunes talents
De jeunes talents de stand-up, drôles et caustiques. Mais aussi Jonathan Lambert à contre-emploi dans le rôle du quadra :
"J’adore bien sûr la comédie. Mais on me proposait souvent des personnages outranciers, ou carrément burlesques : des personnages comiques par eux-mêmes. Alors que là, si le personnage est drôle à certains moments dans la série, c’est à cause des situations qui sont drôles. C’était pour moi un jeu très différent. Et en plus, c’est un rôle où le personnage est désiré. Je pense que beaucoup d’hommes vont se reconnaître."
Ajoutez enfin la fille du quadra, férue de Napoléon à seulement 8 ans. Les parents qui débarquent. Au final, Jeune et Golri est une série fraîche, bien jouée, écrite, sensible, qui rappelle la série britannique à succès Fleabag. Le portrait d’une génération. 8 épisodes à découvrir sur OCS.
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