L'empire des séries. Les polars : "Sur écoute", du polar à la tragédie grecque

Dans les années 2000, Baltimore connaît l’un des plus forts taux de criminalité des États-Unis. Le quartier ouest de cette ancienne ville portuaire est rongé par le trafic de drogue, contrôlé par un gang. Pour le démanteler, l’inspecteur Jimmy McNulty est placé à la tête d’une nouvelle unité spéciale composée pas forcément de cadors. À coup d’écoutes téléphoniques et d’indicateurs en tous genres, la lutte débute entre les deux camps. Sans manichéisme. Charge au téléspectateur de reconstituer le puzzle.

Le créateur de Sur écoute David Simon dit souvent : "Je déteste le téléspectateur moyen". Il jure qu’il n’a jamais voulu faire une série policière. Ancien journaliste du Baltimore Sun, il s’était essayé en 1993 à la série en adaptant son roman Homicide, récit d’un an à observer une unité de brigade criminelle à Baltimore. Série déjà hyper réaliste avec beaucoup d’acteurs de minorité, car à Baltimore, les blancs habitent en banlieue.

Précision documentaire

Avec Sur écoute, il s’inspire de l’image des néo polars des années 70. Pas de musique, pas de ralenti, pas de flash-back. La série fait penser, par son sens de la précision, à un documentaire. Les personnages, même les plus terribles, sont tous attachants. Les dialogues sont décalés, les scènes de nuit nombreuses.

Sur écoute est créée en 2002. Au fil des cinq saisons disponibles sur OCS, la série élargit son champ d’observation à la politique municipale, au domaine de l’école, l’activité portuaire et les médias.
La série qui débute comme un polar devient en cinq saisons une gigantesque fresque. L’étude fascinante des effets du libéralisme sur une ville tombée en déliquescence et rongée par les trafics en tous genres, de la drogue à la politique. Barak Obama a désigné Sur écoute comme sa série préférée. Elle est depuis étudiée comme un objet sociologique dans les facultés. David Simon compare sa série à une tragédie grecque : les personnages écrasés par plus grand qu’eux, pas Zeus mais le libéralisme.