L'empire des séries. "The Little Drummer Girl" de Park Chan-Wook, ou le jeu des espions
Le réalisateur sud-coréen Park Chan-Wook s'empare pour sa première série d'un roman de John Le Carré : "La Petite Fille au tambour" et nous mène durant six épisodes dans un bateau plutôt ivre où se mélangent jeu d'acteur et travail d'espionnage.
Fin des années 70. On se croirait presque dans le film Good Bye Lenin. Tout le look de l’époque y est : les brushings, les voitures couleur bordeaux, les costumes, les papiers peints chargés de figures géométriques. Il n’y a pas de portable, pas de caméra de surveillance. Les ordinateurs sont préhistoriques.
Pourtant les services secrets israéliens sont terriblement efficaces pour suivre, à la trace, des membres d’une cellule terroriste palestinienne qui viennent d’assassiner un enfant juif avec une valise explosive. Les agents du Mossad ont des nerfs d’acier ; leur patron est comme un metteur en scène et embauche une véritable comédienne pour les aider.
Théâtre et espionnage
C’est à une pièce de théâtre dans le monde de l’espionnage que nous convie le réalisateur sud-coréen Park Chan-Wook. Un thriller stylisé et sophistiqué où on passe son temps à se demander si les protagonistes disent la vérité ou jouent.
Charlie est une comédienne de 22 ans. Partie avec sa troupe en Grèce, elle est séduite par un agent du Mossad ténébreux qui l’emmène, sans révéler son identité, à l’Acropole d'Athènes, pour une séquence séduction - et qui se voit proposer "le rôle de sa vie" : jouer la petite amie du terroriste assassin et infiltrer l’ennemi. Mais elle doit bien connaître son rôle : le moindre bout de peau du jeune homme, le moindre de ses discours précieusement enregistrés par les services secrets israéliens.
Casse-tête
The Little Drummer Girl, La Petite Fille au tambour, est l’un des seuls romans du maître du thriller d’espionnage John Le Carré dont le héros est une femme. Ce n’est pas la première fois que John Le Carré est adapté à l’écran. On se rappelle du diabolique L'Espion qui venait du froid, en noir et blanc, situé en pleine guerre froide ; on se rappelle du plus comique Tailleur de Panama avec Pierce Brosnan.
Cette fois, c’est au tour du réalisateur sud-coréen du film violent et stylisé Old Boy, Park Chan-Wook de s’y attaquer. Maître de la mise en scène, il sublime le film d’espionnage et nous mène esthétiquement en bateau, avec des fondus enchaînés suggestifs, des contre-plongées géométriques et des scènes expressionnistes.
La série en six épisodes produite par la BBC se déroule de l’Allemagne à Londres, de la Turquie au Liban, et devient un casse-tête ambigu qu’on regarde avec plaisir, mené par la jeune actrice Florence Pugh, aussi à l’aise dans un camp d’entraînement palestinien que sur une scène de théâtre.
Une série diffusée depuis cette semaine sur Canal + et disponible sur la plateforme Mycanal.
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