Deborah Maria Inserillo, 19 ans, incarne officiellement la lutte contre le gaspillage alimentaire en Italie
Ses efforts viennent d’être récompensés, et pas par n’importe quelle institution puisque Deborah Maria Inserillo, 19 ans, a été nommée par le président Sergio Mattarella "porte-drapeau de la République", "pour sa démonstration exemplaire, dit le communiqué du Quirinale, de l’importance du partage et du don". Le genre d’honneur auquel la principale intéressée, modeste, humble, ne s’attendait pas du tout. Les "porte-drapeaux de la République" ou ambassadeurs, les alfieri en italien, ce sont des jeunes, 30 cette année, nommés tous les ans par la présidence pour mettre en lumière des garçons et des filles engagés et surtout discrets, qui ne font pas forcément la une des magazines, qui ne sont pas non plus influenceurs sur TikTok ou Instagram, mais dont l’engagement est essentiel. À l’image de Deborah Inserillo.
Elle est étudiante en sciences de l’éducation et en parallèle bénévole à la Banque alimentaire de sa ville, Termini Imerese, près de Parlerme (Sicile). Elle a commencé quand elle avait dix ans, en sortie scolaire, et depuis elle n’a jamais raté une collecte, devenant même avec les années une communicante hors pair, multipliant les opérations de sensibilisation et les interventions dans les écoles, auprès des plus jeunes "parce que la lutte contre le gaspillage commence par l’éducation". Un engagement récompensé donc par ce titre de porte-drapeau de la République, titre qui l’a surprise, mais dont elle a décidé de profiter pour passer son message le plus largement possible.
En Italie, 27 kg de nourriture jetés par an et par habitant
Au quotidien La Repubblica, elle explique qu’en Italie, le gaspillage alimentaire représente neuf milliards d’euros perdus par an, des denrées qui bien souvent sont encore emballées et pourraient être données. Et ce n’est pas anecdotique, bien au contraire, "c’est un révélateur culturel, qui demande donc un changement culturel et ce changement passe par une éducation à la solidarité (…) parce que je suis convaincue que la dignité s’acquiert aussi par l’alimentation, par le fait de pouvoir se nourrir, soi et ses enfants."
Pour qu’on mesure mieux, elle donne un chiffre : en Italie, chaque année, 27 kg de nourriture sont jetés par personne, essentiellement des fruits, des légumes et du pain. Et qu’on ne se méprenne pas, nous ne sommes pas meilleurs élèves en France, pays de la gastronomie. C’est même pire avec 29 kg jetés par an et par Français d’après les chiffres de l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). De quoi nous inviter tous à interroger cette culture du gaspillage, en Italie, comme en France, comme partout.
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