Le maire de Grigny désigné meilleur maire du monde 2021 par la City Mayors Foundation
C'est à la fois "une surprise" et "un encouragement", résume Philippe Rio, maire de Grigny depuis 2012. Ce titre honorifique lui a été décerné pour récompenser son combat contre la pauvreté et sa gestion de la crise du Covid, dans la ville connue pour être la plus pauvre de France.
Il est ex-aequo avec le maire de Rotterdam aux Pays-Bas, Ahmed Aboutaleb, mais tout de même : parmi les douze finalistes retenus par la City Mayors Foundation, Philippe Rio, le maire de Grigny (Essonne) se voit décerner le titre de meilleur maire du monde, pour "son combat contre la pauvreté, sa gestion de l'épidémie de Covid-19, et sa lutte contre les inégalités", explique la fondation.
C'est un prix purement honorifique, basé sur le vote d'internautes du monde entier et remis tous les deux ans. Mais Philippe Rio s'est tout de même retrouvé en compétition face aux maires de Raqqa (Irak), Bogota (Colombie) ou Freetown (Sierra Leone). Le tout bien malgré lui : "En fait, je n'ai pas candidaté, a-t-il confié à nos confrères de France Bleu, tout cela est une énorme surprise, mais on la prend comme un encouragement." Parce qu'à dire vrai, le titre que le maire a pris l'habitude de recevoir depuis des années, c'est celui de ville la plus pauvre de l'hexagone.
La ville de Grigny compte près de 30 000 habitants, 45% de la population vit sous le seuil de pauvreté. "Et désormais plutôt 50%, corrige le maire, à cause de la crise du Covid." Quand on parle de Grigny et de la cité de la Grande-Borne, à la radio, à la télévision, c'est surtout pour illustrer la délinquance, les courses poursuites avec la police, les trafics, les marchands de sommeil, les commerçants qui désertent, les services publics qui disparaissent.
Un titre "joyeusement anecdotique"
Aux manettes depuis 2012, c'est précisément ce tableau que ce communiste de 48 ans, né et élevé à Grigny, a promis de changer. Philippe Rio, c'est l'élu qui ne dit jamais "je" mais toujours "nous", un maire qui a choisi d'être bruyant, vocal : depuis des années, il multiplie les tribunes dans la presse, interpelle Matignon, l'Elysée, dénonce l'abandon de l'État et la solitude des élus de banlieues.
Pendant l'épidémie de Covid-19, il fait partie de ceux qui se sont démenés seuls, face aux tergiversations de l'administration. Lui et son équipe ont dû trouver des tests quand il n'y en avait pas, des masques, en distribuer des centaines de milliers, ouvrir des centres de vaccinations sans attendre de consignes, organiser l'aide alimentaire aussi, et la mise en place de petits-déjeuners gratuits dans les écoles maternelle.
Aujourd'hui, ce que lui rapporte ce prix, c'est que Grigny, la ville aux 89 nationalités, fait pour une fois la Une pour autre chose que l'adversité qu'elle subit. "Ça récompense notre inventivité, notre résistance", égraine le désormais meilleur maire du monde qui y voit un titre "anecdotique, mais joyeusement anecdotique."
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