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Mohamed Aliwa, unijambiste et champion de parkour dans la Bande de Gaza

Après avoir reçu une balle de l’armée israélienne dans la jambe lors d’une manifestation, Mohamed Aliwa a été amputé et essaye de se réapproprier son corps, par le sport, en continuant de pratiquer le parkour, cette discipline qui mêle course et sauts au-dessus d’obstacles.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Mohamed Aliwa, champion de parkour dans la Bande de Gaza. (MAHMUD HAMS / AFP)

Le parkour, c’est cette discipline née en France dans les années 1990 qui consiste à traverser un quartier sans tenir compte des axes des rues, donc en escaladant les murs, sautant de toits en toits, etc. C’est un sport pratiqué partout dans le monde, y compris à Gaza, dans les territoires palestiniens, et là-bas, l’athlète qui recueille le respect de tous, c’est Mohammed Aliwa, 18 ans, dont l’Agence France Presse (AFP)  publie un très beau portrait qui est repris dans toute la presse internationale depuis hier. Parce que Mohamed défie les normes : il est unijambiste.

J’ai demandé à mes amis de m’aider à marcher et, petit à petit, j’ai fini par me déplacer moi-même et sauter presque comme eux. Parfois, je me sens frustré, mais je me dis que si j’arrive à faire ça, alors, tout le reste dans ma vie sera facile.

Mohamed Aliwa, adepte de parkour unijambiste

à l'AFP

Il y a deux ans, alors qu’il assistait aux manifestations de "la marche du retour" le long de la frontière, le tir d’un soldat israélien lui a arraché le tibia droit, il a été amputé le jour même, en dessous du genou, et sa vie a basculé. Tout s’est effondré, la possibilité de passer professionnel dans sa discipline a disparu, et il s’est retrouvé spectateur, assis sur le rebord de murs escaladés par les autres. Spectateur, avant de se dire que, peut-être, en s’exerçant, en sollicitant d’autres muscles, c’était possible. Sur les vidéos, on le voit bondir avec ses deux béquilles, d’un poteau à un autre, faire des figures au-dessus du vide. Etrange impression de légèreté. "Parfois, je me sens frustré, dit-il, mais je me dis que si j’arrive à faire ça, alors, tout le reste dans ma vie sera facile."

Quand on grandit avec presque rien, et qu’on se retrouve avec encore moins, on se l’approprie, on l’optimise, on le réinvente. C’est la réalité d’une jeunesse née sur un territoire étouffé par un blocus interminable, un endroit d’où il est interdit de partir, et où rien ne rentre. Où il faut donc créer les rêves avec ce qu’il reste à l’intérieur.

C’est comme ça qu’est née la passion des ados pour le parkour dans la Bande de Gaza. Rien à voir avec les installations ultra-sécurisées de l’émission télé Ninja Warrior : là-bas les jeunes sautent au-dessus des gravats et font des saltos sur les toits de maisons jamais finies. C’est ce que veut refaire Mohamed Aliwa. Depuis quelques jours, il apprend à marcher avec une prothèse, pour à terme retrouver sa jambe, et reprendre, dit-il, "une vie normale". Tout ce que normal peut vouloir dire quand on a 18 ans à Gaza.

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