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Supriyo et Abhay, un couple gay en lutte pour la reconnaissance du mariage pour tous en Inde

La Cour suprême de l'Inde vient de prendre une décision saluée par la communauté LGBT+ en Inde : elle crée une juridiction spéciale chargée d'examiner la légalité du mariage des personnes homosexuelles. Une décision qui fait suite au combat judiciaire de deux habitants d'Hyderebad.
Article rédigé par Céline Asselot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Abhay Dang (à droite) et Supriyo Chakraborty (à gauche) à Hyderabad (Inde). (NOAH SEELAM / AFP)

L'histoire commence le 20 décembre 2021 dans un jardin d'Hyderabad. Nous sommes dans le sud de l'Inde, dans cette mégalopole qui s'est bâtie sur le commerce des perles et du diamant mais qui au fil des décennies a remplacé les pierres précieuses par les data centers. Hyderabad c'est un centre majeur des industries de la tech. Ce jour-là, Supriyo Chakraborty, jeune homme de 31 ans qui travaille dans la restauration et Abhay Dang, ingénieur informatique de 34 ans, se sont dit oui devant toute leur famille et leurs amis. Sur leur compte Instagram, on voit les deux hommes en sherwani –la tenue traditionnelle – avec un collier de fleurs autour du cou.


Ce mariage ils y tenaient, eux qui se sont rencontrés en 2012 via une appli et qui ne se sont jamais quittés depuis. Ils y tenaient même si c'était un mariage "pour de faux", puisque la loi indienne ne reconnaît que l'union entre un homme et une femme. 

Cette cérémonie aurait pu être un aboutissement, la preuve qu'on peut s'aimer au grand jour quand on est un couple gay dans la société indienne malgré le poids de la religion et des traditions. Elle a été au contraire un point de départ. Car après leur mariage, Supriyo et Abhay décident de saisir la justice et de demander les mêmes droits que ceux octroyés aux couples mariés hétérosexuels. "Nous sommes tout l'un pour l'autre" disent-ils aux journalistes qui viennent les rencontrer "alors qu'aux yeux de la loi nous ne sommes personne." Cette démarche, ils sont les premiers à la faire en Inde, mais pas les seuls. D'autres couples, dans d'autres régions du pays suivent leur exemple et en novembre dernier la Cour suprême accepte d'étudier leur requête. 

L'opposition du gouvernement indien 

Aussitôt le gouvernement fait part de son opposition. "Le concept indien d'unité familiale, dit le Premier ministre Narendra Modi, c'est un mari, une femme et leurs enfants". Il faut rappeler qu'on part de loin : en Inde, l'homosexualité a été dépénalisée seulement en 2018. L'argument de l'exécutif ne suffit visiblement pas à la Cour suprême qui a fait cette semaine un grand pas en avant : elle a annoncé la création d'une juridiction spéciale chargée d'examiner la question. La première audience aura lieu dans un mois et elle sera retransmise en direct à la télévision. 

En échangeant leurs alliances dans leur jardin d'Hyderabad, Supriyo et Abhay ont donc transformé un acte d'amour en acte politique, ouvrant un débat de société majeur dans ce pays qui sera bientôt le plus peuplé du monde.

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