"Un bébé miracle" : sortie des décombres du séisme quelques heures après sa naissance, une petite Syrienne fait la une des journaux du monde entier
Lorsque les secouristes l’ont trouvée dans les gravats à Jandairis en Syrie, son cordon ombilical n’était pas encore coupée. Elle est la seule survivante de sa famille, une histoire qui met en lumière l’urgence de déployer des moyens pour les rescapés, ceux qui ont survécu et n’ont plus rien.
Sa photo a fait la une de dizaines de journaux dans le monde, du Times au Daily Telegraph, en passant par La Repubblica en Italie et Clarin en Argentine, parce qu’elle est née au moment du séisme, elle a vu le jour dans la nuit glaciale du 6 février, petit cri de vie au milieu de l'horreur. Sur la photo, elle semble paisible, les yeux fermés, allongée sur le côté dans une couveuse, une perfusion au poignet. Et puis en regardant plus attentivement, on voit des égratignures, des bleus surtout, et l’on comprend qu’elle revient de l’enfer.
Les secouristes l’ont trouvée mardi à 150 km de l’épicentre du séisme, à Jandairis, en Syrie, sous les décombres d’un immeuble de cinq étages alors que son oncle soulevait des gravats pour trouver des survivants. Son oncle Khalil, qui à ce moment-là ne sait pas qu’il a une nouvelle nièce. Ce mardi matin, il cherche sa sœur, son beau-frère, leurs quatre enfants. Personne ne répond, les corps sans vie des deux parents sont localisés, dégagés, et puis des cris retentissent, les pleurs d’un bébé que l’équipe de sauvetage retrouve rapidement dans l’enchevêtrement de béton, juste à côté de sa mère qui l’a vraisemblablement mise au monde alors que l’immeuble venait de s’effondrer. L’accouchement, précise son oncle, était prévu pour le lendemain.
VIDEO: Extended family members pull a newborn baby alive from the rubble of a home in northern Syria, after finding her still tied by her umbilical cord to her mother, who died in Monday's massive 7.8-magnitude earthquake that killed thousands. pic.twitter.com/CGO43JsJ8x
— AFP News Agency (@AFP) February 8, 2023
Très vite, il coupe le cordon, l’emmaillote dans une couverture et la confie à son cousin qui file à l’hôpital. Il fait 0°C, elle est en état d’hypothermie mais réactive, les médecins lui donnent un mélange de calcium et de sucres, la pèsent, 3,1kg, puis la placent en couveuse avant que les photographes ne l’immortalisent, contusionnée mais paisible, orpheline mais vivante, "le bébé miracle" comme on la surnomme partout, symbole de résilience, de vie malgré le décompte macabre et interminable de ceux qui sont partis.
Ce que dit cette photo, c’est que des vies sont encore à sauver. Mercredi, un bébé d’un an a été retrouvé dans les décombres d’un immeuble en Turquie, 53 heures après le tremblement de terre. Toujours en Turquie, c’est une mère et sa fille de deux ans qui sont sorties vivantes. Des rescapés dont les récits n’effacent pas l’horreur bien sûr, mais qui rappellent, au moment où l’on compte et recompte les morts, qu’il y a aussi ceux qui restent, qui n’ont plus rien, et que c’est à eux qu’il va falloir penser, comme le bébé de la photo, petite fille miracle qui attend bien plus que de recevoir son prénom.
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