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Zainab Fasiki, la dessinatrice de BD marocaine qui milite pour l’émergence d’un mouvement #MeToo au Maghreb

À 26 ans, elle vient d’illustrer une série de témoignages sonores et anonymes de femmes victimes de viol au Maroc, mettant des images sur ces récits difficiles et inédits. Objectif : libérer la parole des Marocaines et briser les tabous.

Article rédigé par franceinfo, Marion Lagardère
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Zainab Fasiki pose avec son album "Hshouma", à Casablanca, au Maroc, le 17 mars 2021 (FADEL SENNA / AFP)

Depuis son atelier à Casablanca, Zainab Fasiki, 26 ans, milite pour un #MeToo marocain. Et elle le fait avec ses dessins, puisqu’elle vient d’illustrer une série de témoignages, publiée par le média en ligne Jawjab et intitulée #TaAnaMetoo."Ta Ana", signifie "moi aussi" en arabe dialectal marocain.

Des témoignages anonymes

Ces témoignages de femmes, sonores et anonymes, racontent les viols qu’elles ont subis par un frère, un employeur, un inconnu. Ces témoignages sont anonymes, parce que ces femmes ont peur d’être accusées de rapport sexuel hors mariage, ce qui au Maroc est puni d’emprisonnement. Une menace qui fait partie de ce que Fasiki dénonce comme la culture du viol, "ce biais qui laisse penser, dit-elle à l’AFP, que la victime n’aurait que ce qu’elle mérite, et que le criminel serait innocent."

Je suis devenue féministe à l'adolescence, à 14 ans, là j’ai réalisé que les hommes corrigeaient les femmes, gardaient toujours un œil sur nous, qu’ils nous traitaient comme des êtres irresponsables.

Zainab Fasiki, dessinatrice de BD

à l'AFP

Zainab Fasiki, qui dessinait déjà à l'adolescence, dans sa chambre, s’est donc concentrée sur des scènes de sa vie quotidienne, sa vie d’adolescente, son corps changeant, son corps tout court, ses cheveux, ses jambes, ses formes. 

C’est grâce à ses autoportraits, des nus esquissés en quelques coups de crayon, qu’elle s’est faite connaître sur Instagram. Des dessins qui ont fini par former un album, une BD pédagogique sur la sexualité et le corps féminin, expliqué, célébré, "et sur tout ce que l’on n’apprend ni en famille, ni à l’école", dit-elle. L’album s’appelle Hshouma, la "honte" en arabe, pour dire que ce qui est honteux, ce n’est pas le corps des femmes mais plutôt le regard de ceux qui n’y voient qu’un objet.

Zainab Fasiki n’a trouvé aucun éditeur au Maroc. Ce sont les éditions Massot, à Paris, qui ont osé publier l’album en premier en 2019. Le succès a été retentissant avec une demi-douzaine de ruptures de stocks. C’est dire si le sujet est brûlant, au Maroc certes, mais aussi en France, où pas une semaine ne passe sans un nouveau témoignage de viol, d’inceste, de violences conjugales et de féminicides. Le travail de Zainab Fasiki est universel : il concerne tout le monde, les hommes, les jeunes, les vieux, les riches, les pauvres, pas seulement les femmes et pas seulement le Maroc.

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