Dix "James Bond" russes infiltrés aux Etats-Unis
Le projet est né en Russie, après la chute de l'URSS. Le service de renseignement russe, le SVR, décide d'infiltrer des espions aux Etats-Unis. Il en choisit dix : des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes. Il commence par les former, à Moscou, dans une école spécialisée. Au programme : des langues étrangères bien sûr, mais aussi l'écriture invisible, la cryptologie, et même la stéganographie. Ce système permet de cacher des messages dans des photos d'apparence normale. Ensuite, le SVR leur fabrique une nouvelle identité. Beaucoup reçoivent un faux passeport canadien. Puis ils sont envoyés aux Etats-Unis, dans des banlieues anonymes. Ils viennent parfois avec leur famille, achètent des maisons à crédit, et se fondent dans la masse.
Ils tissent leur toile. Par exemple, l'espionne Lydia Guryev devient Cynthia Murphy, conseillère fiscale à Manhattan. Elle réussit à approcher Alan Patricof, un des financiers les plus influents des Etats-Unis, un ami d'Hillary Clinton. Obtient-elle des informations ? Difficile à dire. D'autres agents fréquent les campus américains, les pépinières de l'élite. Ils glanent tous les renseignements possibles et cherchent des recrues potentielles pour le SVR.
Au sein du réseau, l'espionne la plus spectaculaire est Ana Chapman. Car cette belle rousse de 28 ans ne s'installe pas en banlieue, mais au coeur de New York. Le Nouvel Observateur raconte qu'elle fait venir des hommes puissants dans son immense appartement à Wall Street, payé par la Russie. Sur l'oreiller, elle recueille des confidences.
Mais en juin 2010, tout s'effondre à cause d'une trahison. A Moscou, un colonel du SVR, fait tomber le masque des dix agents dormants. Il les "balance". Puis il prend la fuite. Le Kremin découvre qu'il était lui-même un agent infiltré, mais de l'autre côté. A Moscou, au coeur du système russe, il travaillait pour le renseignement américain.
Les dix agents sont renvoyés en Russie. Washington les échange contre huit prisonniers. Comme dans un film. Aujourd'hui, ces espions infiltrés aux Etats-Unis ont tous des postes prestigieux, dans des conglomérats d'Etat russes. Selon Vincent Jauvert, dans le Nouvel Observateur, Ana Chapman serait même devenue la maîtresse de Vladimir Poutine.
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