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L'affaire Safarov, un fait divers qui ravive une guerre

Un officier d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, a tué un militaire arménien à coups de hache. Gracié, il est considéré dans son pays comme un héros. Cette affaire réveille les tensions entre Bakou et Erevan.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Franceinfo (Franceinfo)

Au début, c'est un fait divers, sanglant. En février 2004, à Budapest, en Hongrie, des militaires de plusieurs pays participent à un stage d'anglais organisé par l'OTAN. Ils sont là dans le cadre d'un "partenariat pour la paix" . Mais une nuit, un officier venu d'Azerbaïdjan, Ramil Safarov, pénètre dans la chambre d'un autre militaire, un arménien, et il le tue dans son sommeil. Il lui assène seize coups de hache. Il le laisse presque décapité.

Safarov est arrêté. Pour se justifier, il explique qu'il a vengé son pays. Car dans les années 1990, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont combattus sans pitié. Erevan et Bakou se disputaient une petite région, le Haut-Karabakh. Le conflit a fait 30.000 morts. En 1994, les armes se sont tues mais la pression n'est jamais retombée.

Safarov est condamné. Il purge sa peine en Hongrie, dans le pays où il a commis son crime. Mais il y a quelques semaines, Budapest accepte finalement de l'extrader. La Hongrie renvoie le meurtrier chez lui, en Azerbaïdjan. Imagine-t-elle ce qui attend Ramil Safarov ? En tout cas, dès que l'officier pose le pied à Bakou, il est acclamé. Au lieu de terminer sa peine dans une prison azérie, il est gracié et il est couvert de récompenses. L'Azerbaidjan lui donne le grade de commandant. Il lui verse huit ans de salaires, pour compenser ses huit ans de prison. Il lui offre même un appartement. Le meurtrier parade à la télévision. Il est devenu un héros national. D'ailleurs, le ministre des affaires étrangères ne s'en cache pas. Pour lui, Safarov est une victime : son crime est compréhensible ; il est une conséquence de la guerre du Haut-Karabakh.

Les arméniens sont furieux. Des centaines de personnes manifestent dans plusieurs villes et donc ce soir à Paris. Elles en veulent au président Aliev, mais aussi à la Hongrie. Elles l'accusent d'avoir libéré Safarov pour de mauvaises raisons, pour faire plaisir à l'Azerbaïdjan, pour renforcer le lien économique et politique avec Bakou. L'Azerbaïdjan possède du gaz. Le pays pourrait aussi aider la Hongrie à éponger sa dette. Pour l'Arménie, c'est trop. Erevan a rompu ses relations diplomatiques avec la Hongrie.

Un geste de folie et seize coups de haches provoquent maintenant une crise internationale. L'OTAN et les Nations Unies expriment leur inquiétude. La grâce de Ramil Safarov pourrait réveiller les fantômes de la guerre.

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