L'itinéraire d'un apprenti terroriste
Pour comprendre, il faut remonter vingt ans en arrière, au début des années 1990. Le jeune homme habite Bourgoin-Jallieu, dans le département de l'Isère. Il vit dans un foyer. L'adolescent cherche des repères. Il se convertit à l'islam. Un jour, à la télévision, il découvre la guerre de Bosnie. Une membre de l'ONG Médecins sans frontières décrit les camps, la déportation. David est bouleversé. Il décide de s'engager : il ira combattre en Bosnie.
Justement, un de ses anciens copains de collège a des contacts. Il l'embarque avec lui. Ils sont neufs, à bord de deux voitures. Direction, la guerre. Mais le voyage est un fiasco ; jamais le groupe ne réussit à rejoindre les combattants. David rentre en France, "déphasé", dit-il aujourd'hui. Il cherche toujours un engagement. Un autre contact lui conseille alors l'Afghanistan. Il lui achète même son billet d'avion. Cette fois, ça marche. Pendant neuf mois, le jeune Français s'entraîne dans des camps : armes légères, fusils d'assaut, techniques de guerilla. David découvre un autre monde.
Quand il revient en France, à la fin de l'année 1994, il bâtit des projets. Avec un ami, il voudrait faire sauter un dépôt pétrolier, au sud de Lyon. Mais les responsables islamistes qu'il rencontre lui demandent de patienter. David transmet des documents, des armes. Il rencontre d'autres jeunes apprentis terroristes : "certains me faisaient froid dans le dos, confie-t-il dans Libération. Ils étaient déterminés mais ne connaissaient rien à la religion. Leur niveau d'islam était nul".
En juin 1995, tout est prêt pour des attentats en France. David est sollicité. Mais il apprend que des civils sont visés. Cela, il le refuse. Il veut affronter des combattants, pas la population. Il coupe alors les ponts avec son réseau, et c'est dans les médias qu'il découvre, pendant l'été, les attentats islamistes.
Les enquêteurs remontent la filière. David est arrêté, condamné pour son soutien logistique, mais pas plus. En prison, il réfléchit. En sortant, il suit des études d'histoire. Il trouve un métier, chargé d'affaires. Il reconstruit tout. Il fonde une famille. Quand Libération l'interroge sur l'islam, il répond : "c'est une religion très belle, mais elle laisse entrer tout le monde. Quand un mec a un pet dans la courge, ça peut être très dangereux".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.