Les nounous : les prolétaires de la mondialisation
C'est le magazine Marianne qui relate ainsi la thèse de la sociologue Caroline Ibos, auteur d'un livre intitulé "Qui gardera nos enfants?", publié ces jours-ci chez Flammarion, c'est aussi dans le journal Libération ce matin.
Des domestiques modernes, voilà comment on pourrait qualifier ces femmes qui ont parfois laissé leurs enfants aux pays, pour venir garder ceux des autres, et gagner leur vie. Sylvie Fofana par exemple, a quitté la Côte d'Ivoire en 1991, sans ses trois enfants, qu'elle a rapatrié depuis.
Sa première patronne était formidable,la suivante nettement moins... A Noël 2007, lorsque Sylvie a dû partir d'urgence deux semaines en Afrique, la maman lui a dit : "si vous partez, je vous licencie". Et elle l'a fait. Quatre ans plus tard, Sylvie n'a toujours pas reçu son chèque, pour solde de tout comptes, ni l'attestation Assedic, pour toucher des indemnités de chômage.
Mais le moment le plus révélateur des rapports parents-nounous, c'est l'entretien d'embauche : c'est là que ressortent tous les clichés culturels, post-coloniaux, parfois racistes... Normal, par exemple, de demander à une nounou si elle pratique une religion, normal de considérer que les africaines sont maternelles, que les philippines seraient propres mais froides ou les maghrébines fiables mais dures.
Il y a aussi les petits pièges : un billet qu'on laisse trainer pour voir si la nounou est honnête, ou cette jeune femme qui raconte à Sylvie Fofana qu'elle ne comprend pas comment, mais ses employeurs savent tout ce qu'elle fait dans la journée. Sylvie lui répond : "toi, tu es filmée ."
Et puis, "du jour au lendemain, les parents disent : c'est fini ". Ils promettent de rester en contact, mais ne le font pas, dans la plupart des cas.
Pour toutes ces raisons, Sylvie Fofana a créé en Ile-de-France, une association des nounous, l'ANIF. Chacun, chacune, peut s'y informer de ce qui est acceptable et de ce qui ne l'est pas. Dans ces relations professionelles particulières et pas toujours équilibrées.
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