Un aigle empaillé...à 65 millions de dollars
L'œuvre s'appelle "Canyon", elle date de 1959. Elle est typique de Rauschenberg ; l'artiste aimait mélanger la peinture et les objets réels.
Cet aigle est en train de devenir un casse-tête. Vous lirez l'histoire dans le Monde, dans l'article d'Harry Bellet, et aussi dans le magazine Artnews.
Quand l'oeuvre est créée, en 1959, tout se passe bien. Rauschenberg l'expose à la biennale de Venise, en 1964. Puis la toile se rerouve chez une galeriste de New York, Ileana Sonnabend, qui en devient propriétaire. Là, les ennuis commencent. En 1981, les agents de la protection de la faune rendent visite à la galeriste. D'après eux, l'oeuvre viole la loi américaine. Plus précisément, le "bald and golden eagle protection act". Ce texte de 1940 interdit de "capturer, posséder, vendre, acheter" et même "transporter" les aigles qui appartiennent à une espèce protégée, même quand ils sont morts.
Ca signifie deux choses. D'abord, la galeriste ne peut plus faire voyager l'oeuvre pour des expositions à l'étranger. Ensuite, elle doit prouver que l'aigle empaillé a été tué avant 1940, avant l'entrée en vigueur de la loi. Heureusement, elle reçoit l'aide de Rauschenberg lui-même. Devant un notaire, l'artiste certifie qu'il tient l'oiseau d'un voisin et que ce voisin l'a acquis lui-même bien avant 1940. Le litige est réglé. Ileana Sonnabend peut conserver cette oeuvre.
Mais l'affaire vient de rebondir, après le décès de la galeriste. Dans le Monde, Harry Bellet décrit l'embarras des héritiers. Ils sont propriétaires d'une belle collection, estimée à un milliard de dollars - 760 millions d'euros. Ils doivent donc payer d'énormes droits de succession. Là, l'aigle pose un gros problème. Que vaut-il ? Pour le fisc, 65 millions de dollars, pas moins, puisque Rauschenberg est un artiste prisé. Mais pour les héritiers, au contraire, l'oiseau ne vaut rien, puisque la loi interdit la vente de l'aigle. Un bras de fer est engagé. L'ombre du volatile plane sur l'héritage.
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