Fausses alertes à la bombe : déjà au XIXe siècle ! L'info de l'histoire du 21 octobre
Bien sûr, des alertes à la bombe dans les écoles, il y en a depuis longtemps. En 1995 déjà à Besançon, il fallait évacuer le collègue Saint-Joseph à cause d’une fausse alerte. On était au mois de septembre et pendant l’été la France avait connu le drame de l’attentat du RER Saint-Michel, à Paris, et d’autres actes de barbarie des islamistes algériens. Pour la principale du collège, mieux valait prendre toutes les précautions, même s’il s’agissait sans doute d’une mauvaise plaisanterie d’un élève. Et c’est ainsi que souvent les activités sont interrompues par les fausses alertes.
Cela non plus n’est pas nouveau. Les toutes premières alertes à la bombe sans fondement ont eu lieu dans les années 1860, après les premiers attentats contre l’empereur et le début des guerres d’Italie. J’en ai trouvé une trace à Naples, puis en 1870 à Paris, après une tentative déjouée par la police.
La première fausse alerte que j'ai trouvée, vraiment proche des nôtres, a eu lieu le 11 janvier 1894, lors du procès Vaillant. Cet anarchiste avait jeté une bombe dans la chambre et tué un parlementaire. Or quand son procès s'ouvre, on découvre dans le tribunal une boîte métallique. Le chef de la garde du palais de justice est prévenu. On alerte la préfecture où se trouvent des spécialistes des explosifs. Finalement, il s’avère que c'était une boîte de sardine en conserve laissée là par un membre du personnel. Plus de peur que de mal.
Les alertes augmentent au moment de la guerre d'Algérie
Le vrai moment de développement des fausses alertes comme nous les définissons remonte à la guerre d'Algérie, entre les attentats du FLN puis ceux de l'OAS. En 1961 et 1962 surtout, elles se multiplient. Une inquiétude et une hypervigilance expliquent que l’on dérange sans cesse les services de déminage. Il est vrai que plusieurs attentats ont fait des victimes à Alger comme à Paris.
Toutes les phases d'attaques terroristes dont la France a été victime ont déclenché des alertes. Les attentats contre des avions commencent à la fin des années 1960. Dès 1969 à Orly, un vol à destination de Tel Aviv est vidé, car une fausse alerte téléphonique a eu lieu. Le vol reprend son cours après une fouille complète.
Par la suite, le téléphone devenant encore plus accessible, des records sont atteints. Pour la seule semaine du 6 février 1986, après l’attentat des Halles, plus de 80 fausses alertes sont dénombrées dont 50 pour Paris, avec la gare Montparnasse évacuée, Beaubourg évacué, les grands magasins évacués et même un lycée de jeunes filles. On parle alors d’une psychose, même si le public conserve son calme durant les opérations de vérification.
Entre provocation et bêtise
Les alertes actuelles correspondent à la même logique, entre vigilance, psychose et parfois farce bête. Mais il s’y ajoute aussi une pointe de provocation parfois, notamment lors des hommages aux victimes du terrorisme, parfois troublés par des islamistes qui y voient le moyen de rompre la solennité du moment, de signifier le rejet de l’unité nationale, de faire peur à peu de frais.
Pourtant, depuis la loi sur la liberté de la presse de 1881, ces agissements peuvent être poursuivis par le procureur. Les fausses alertes à la bombe sont typiquement des fausses nouvelles. Et les magistrats, en septembre dernier encore, ont condamné un jeune homme qui en avait fait plusieurs en Normandie à une peine de 15 mois de prison avec sursis.
Même les médias sont victimes de tels messages. La Maison de la Radio a connu dès 1970 une fausse alerte contre l’ORTF. Il avait fallu l’évacuer. En fait, les uns ou les autres nous avons tous eu à connaitre ces fausses alertes envahissantes.
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