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L'info de l'Histoire : Cuba, une épine dans le pied américain

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Article rédigé par franceinfo, Fabrice d'Almeida
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Le ministre cubain de l'Intérieur,  Lazaro Alberto Alvarez Casas, en visite à Pékin (Chine) le 20 mai 2023 (LI TAO / XINHUA)

La nouvelle est tombée : la Chine va ouvrir une base d’espionnage à Cuba. De quoi réveiller la vieille suspicion occidentale face au régime castriste. Car depuis son accession au pouvoir en 1959, Fidel Castro et ses successeurs n’ont cessé de donner des maux de tête aux dirigeants américains. Avec en particulier une crise, à propos de l’installation d’une base étrangère sur l’île : la crise des missiles.

C’était en octobre 1962. Le président Kennedy apprenait, grâce aux photographies aériennes d’un avion espion U2 de la CIA, que des bases de missiles soviétiques étaient en cours d’installation. Il mettait en place un blocus de Cuba et prenait contact avec son homologue du Kremlin, Nikita Khrouchtchev, pour empêcher le déploiement de ces armes nucléaires. Finalement, les Soviétiques renoncèrent et les missiles furent retirés. En échange, dans un accord secret, les Américains s’engageaient à ne pas envahir l’île.

Cuba resta une épine dans le pied américain, car pour les Russes, elle était aussi dangereuse et proche que le Pakistan ou la Turquie pour eux. Et les hommes de Washington sont demeurés persuadés que des attaques venaient toujours des castristes. Le dernier exemple est cette étrange maladie qui affecta plusieurs membres de l’ambassade américaine de Cuba, en 2017. Le personnel se plaignait d’être victime d’attaques par des ultrasons, qui leur déclenchaient des maux de tête, un "harcèlement acoustique". S’ensuivit une crise diplomatique.

Nouvelle guerre froide

Que la Chine prenne une place similaire à celle de l’URSS à Cuba, en y installant une base d’espionnage, est hautement symbolique. Cela montre la nouvelle guerre froide qui s’amorce entre les deux géants du Pacifique. Et cela indique aussi la volonté de Pékin de faire comprendre combien il est désagréable d’avoir, à quelques encablures de sa côte, une île où un adversaire est implanté : Cuba est le symétrique de Taiwan. Or, Xi Jinping n’a pas caché son désir d’accomplir une invasion et une réunification de l’archipel nationaliste avec la Chine Continentale.

Aujourd’hui Cuba s’amuse à faire bisquer son puissant voisin en s’appuyant sur un nouvel allié. Mais ce jeu de comparaison pourrait se retourner contre elle. En histoire, les initiatives des uns engendrent une réaction des autres.

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