L'info de l'histoire : l’éloge des perdants glorieux, ceux qui incarnent l'esprit sportif et olympique

Certaines défaites ont marqué l'histoire des Jeux, avec des athlètes impressionnants par leur détermination et leur capacité à se dépasser.
Article rédigé par Fabrice d'Almeida
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La marathonienne Gabriela Andersen-Schiess proche de la ligne d'arrivée du marathon pendant les Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. (FOCUS ON SPORT / GETTY IMAGES)

C'est un classique, cette amertume de la défaite, on la vit comme supporter. Mais il existe aussi des défaites glorieuses, qui rendent fier. C’est vrai dans les guerres, mais c’est aussi vrai dans les jeux. Les belles batailles, comme en ont livré l’escrimeur Yannick Borel ou le judoka Joan-Benjamin Gaba, médaillés d’argent, on connaît cela depuis longtemps. Jean Bouin, par exemple, qui ne peut participer au cross alors qu’il est sélectionné dans sa spécialité et qui perd la finale du 5 000 mètres aux Jeux de Stockholm en 1912 et décroche la médaille d’argent. Mais il fait preuve d’un bel esprit sportif. En 1914, au moment de la guerre, il s’engage et il meurt au front. C’est pourquoi tant de rues et de stades portent son nom.

En réalité, ces perdants-là sont prestigieux, mais ce ne sont pas les plus glorieux. Il y a une vraie personnalité qui a fini dans les limbes du classement. En 1984, c'est le premier marathon féminin. Une Suissesse, Gabriela Andersen-Schiess, s’élance avec les 50 autres participantes. Mais à Los Angeles, il fait très chaud. Elle tient la course solidement, elle continue son effort. Juste avant d’entrer dans le stade, elle passe dans le tunnel où elle sent le plaisir de la fraîcheur. Puis elle surgit dans l’arène bouillante, en plein soleil. Et là, elle est complètement déshydratée et se met à marcher comme un pantin. "Après quelques mètres, j'ai vraiment eu des problèmes, j'avais des crampes dans les jambes et je voulais continuer à courir, à aller tout droit, mais j'ai perdu le contrôle de mes jambes", témoigne la marathonienne.

Jusqu'à la ligne d'arrivée

Le stade entier la soutient et l’applaudit. Elle franchit la ligne d’arrivée et s’évanouit dans les bras d’un membre du staff olympique. Elle finit 37e. "Dans mon esprit et dans ma tête, je savais exactement que je devais faire le tour de la piste. Je savais aussi que si je m'arrêtais, si je me reposais ou si je m'asseyais, je ne pourrais pas finir, c'est ce qui m'a poussée à continuer", raconte Gabriela Andersen-Schiess. Le jour même, son exploit est cité partout, dans la presse, à la télévision et à la radio. Pour tout le monde, elle incarne le vrai esprit sportif et olympique : le dépassement, la détermination, et même la résilience.

Souvent, c’est un perdant qui valorise le mieux ces qualités, même si parfois certains frisent le ridicule. Par exemple, en 2000, à Sydney Éric Moussambani, originaire de Guinée-Équatoriale, a mis presque deux minutes pour faire son 100 mètres. Il a fini dernier de l’épreuve, 71e avec 50 secondes de retard sur l’avant-dernier. Son temps était plus du double de la moyenne de l’épreuve et plus long que celui des concurrents du 200 m. La presse africaine l'a surnommé Éric Le nageur. Et dans le monde anglo-saxon, on l'a surnommé l’anguille, the eel. Il est entré dans l’histoire des Jeux, car on a modifié les règles de sélection de la natation après son passage. La célébrité n’arrive pas toujours là où on l'attend.

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