L’"Ocean Viking" et la mauvaise conscience européenne
Ce qui s'est passé autour de l'Ocean Viking déclenche un débat sur notre politique migratoire, débat chargé d’émotion car il touche une mémoire douloureuse et très ancienne. Il y a eu, bien sûr, le précédent récent de l’Aquarius, en 2018, finalement renvoyé vers l’Espagne par les Italiens et les Français.
Il y a eu aussi le souvenir de ces mobilisations pour les réfugiés asiatiques qui mouraient en mer de Chine. Rappelez-vous, c’était en 1978 et 1979 : derrière Bernard Kouchner et Yves Montand, des intellectuels dont Sartre et Aron appelaient à la mise en place d’un bateau pour recueillir en mer les "boat people". Mémoire d’une action secourable qui contrastait avec ces navires qui avait été rejetés par les Etats-Unis à la veille de la Seconde Guerre mondiale, laissant des réfugiés juifs à la merci de la solution finale, comme les 254 passagers du paquebot Saint-Louis. À l’inverse, les réfugies du Quanza, partis de Lisbonne en 1940, avait été sauvés, grâce à la femme du président Roosevelt, Eleanor.
Si cela ne choquait pas grand-monde à l’époque, c’est que les réfugiés européens eux-mêmes avaient connu de mauvais traitements, quand ils partaient s’installer au Brésil ou ailleurs au XIXe siècle : maladie et famine dans les camps d’accueil de nos ancêtres migrants étaient des lots communs. Alors oui, cette mémoire fait retour devant ces images de migrants rejetés et nous met face à notre mauvaise conscience héritage de ce passé lointain.
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